Les Tunisiens se préparent activement au Ramadan : Grand ménage, nouvelle vaisselle, courses…

08-03-2024

Dernier week-end avant le début du mois sacré de Ramadan…les Tunisiens se préparent activement pour accueillir ce moment empreint de spiritualité, de partage et de solidarité, dans un contexte de défis économiques persistants.

Cette période est très attendue et exige une préparation en amont. Produits alimentaires, vaisselle neuve et même travaux de peinture… chacun y voit là un moyen de casser la routine.

Grand ménage et nouvelle vaisselle

Chez Mme Henda, habitante de La Marsa, c’est le branle-bas de combat. Cela fait plusieurs semaines qu’elle a entrepris ce qu’on appelle communément un « grand ménage » de son appartement. « Je fais cela chaque année avant le Ramadan », nous dit-elle.

Elle s’affaire pièce par pièce en vidant tous les placards, à passer les murs et le fenêtre au jet d’eau avant de tout remettre en place et de passer à la chambre suivante. « Je laisse la cuisine en dernier car c’est là que j’ai le plus à faire », nous confie-t-elle.

En effet, la cuisine subit également un grand nettoyage et un rangement en profondeur. Mme Henda va même jusqu’à changer de vaisselle à chaque ramadan. « C’est quelque chose que j’ai hérité de ma maman. Pour moi le Ramadan est la période la plus importante de l’année. Je reçois beaucoup de monde à la maison et je veux que la vaisselle soit toujours en corrélation avec les tendances actuelles », nous dit-elle.

A cet égard, les offres pour la vaisselle traditionnelle revisitées inondent les réseaux sociaux à des prix défiant toute concurrence. En effet, ce style est revenue très à la mode pour la période de ramadan depuis quelques années.

Préparatifs culinaires

Comme nous l’avons constaté lors de notre dernier reportage sur l’approvisionnement en produits alimentaires à l’occasion du Ramadan, ils sont de nombreux Tunisiens à se précipiter dans les grandes surfaces afin de faire leurs courses. Parfois cette pratique peut donner lieu à la frénésie intensifiant les pénuries déjà persistantes.

Pour Badreddine et Essia, un couple de septuagénaires originaires de Bizerte, pas question de changer les habitudes. « Je n’ai jamais compris les gens qui se précipitent dans les magasins pour faire leurs courses. Je trouve cela intolérable car cela ne rentre pas du tout dans l’esprit du ramadan », nous dit le grand-père.

Propriétaire d’une ferme où il élève des poules et des moutons pour sa propre consommation personnelle, le seul rituel qu’il effectue avant le début de cette période sainte est le sacrifice d’un agneau. « Au moins je sais ce que mangent mes bêtes et je n’ai pas à aller courir chez le boucher ».

Mme Wahida, tunisoise, a décidé de son côté de rendre les préparations culinaires le plus pratique possible. Pour cela, elle achète le persil et la coriandre, indispensables à la fameuse chorba, bien à l’avance. « Je les coupe, les répartis en petits sachet et les congèle », affirme-t-elle.

Elle a également pour habitude d’en faire autant pour la viande…une question de pratique mais aussi d’économies selon elle. « Vous remarquerez que malhersement les premiers jours du ramadan, les marchands qui vendent des légumes n’hésitent pas à gonfler leurs prix », déplore-t-elle.

Spiritualité et solidarité

La préparation spirituelle demeure une priorité pour de nombreux Tunisiens. La crise économique a suscité une réflexion profonde sur les valeurs fondamentales, poussant la communauté à rechercher la force et la résilience dans la spiritualité.

Les mosquées jouent un rôle essentiel en offrant un refuge spirituel grâce notamment au « Trawih ».

Par ailleurs, des initiatives caritatives se multiplient, permettant aux Tunisiens de partager leurs ressources avec ceux qui en ont le plus besoin. A l’entrée des supermarchés,ma on peut voir de nombreux jeunes appartenant à des associations demandant aux clients quelques denrées alimentaires pour les plus démunis.

La crise économique rappelle également l’importance de la foi et de la solidarité. Se tourner davantage vers la prière permet de trouver la paix intérieure et la force nécessaire pour affronter ces temps difficiles.

Tous ces témoignages montrent que les Tunisiens embrassent le mois béni avec résilience, rappelant que l’unité et la foi sont des piliers essentiels pour surmonter les difficultés.

Wissal Ayadi