Clôture des JCC à la prison de Borj Amri ; une rupture avec la routine du quotidien pour les détenus
Les détenus de la prison de Borj Amri (Manouba) ont participé hier, mercredi, à la clôture de la 6ème édition des journées cinématographiques de Carthage dans les prisons. Ils étaient 2000 prisonniers à regarder le film « Fatwa » de Mahmoud Ben Mahmoud. L ‘événement était également une occasion pour assister au débat avec des acteurs de renommée, tels que Jamel Madani et Meriem Sayeh.
C’est sous un chapiteau revêtu de rideaux noirs, telle une vraie salle obscure que les détenus ont pu assister à la diffusion du film. A l’entrée, il y avait même un tapis rouge afin qu’ils puissent se plonger au maximum dans l’ambiance des JCC.
« Fatwa », ce film portant sur le terrorisme et son impact sur la sécurité nationale, et celle des citoyens, a été minutieusement choisi pour qu’il soit projeté dans cette prison. L’objectif est non seulement la sensibilisation à ce fléau, mais également psychologique.
Selon le représentant de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Amenallah Lassoued, la présence des membres du comité général des prisons et de la rééducation, ainsi que les médias, les acteurs du film et le fait d’échanger des idées en leur présence, procure chez les détenus le sentiment de reconnaissance, facilite leur réinsertion sociale et surtout apaise les tensions dans ces milieux généralement hostiles.
Les prisonniers étaient de leur part, contents de regarder le film en dehors de leurs chambres, dans lesquelles ils passent la plupart de leur temps. C’était pour eux l’occasion de rompre avec leur vie extrêmement routinière.
Pour ce détenu ayant un penchant artistique, et un don pour la peinture, la prison de Borj Amri lui a permis de valoriser son talent, en proposant plusieurs activités de travaux manuels, et des ateliers de théâtre et cinéma.
« Dans ma vie, j’ai fait le tour de plusieurs prisons à Tunis », nous confie-t-il. « Mais, la prison de Borj Amri est parmi les rares établissements qui m’ont permis d’être actif dans des clubs d’art du spectacle. Actuellement je joue dans une pièce de théâtre que j’ai réalisée avec les détenus, et j’ai aussi peint un portrait au fusain, pour les acteurs de film Fatwa », nous-a-t-il dévoilé.
A cet effet, Ilham Zahzah, la directrice du département cinéma et audiovisuel à la cité de la culture, a souligné que les prisonniers ont toujours exprimé leur volonté de découvrir le 7ème art. C’est pour cela qu’il y a eu la mise en place d’une édition des JCC, consacrée aux prisons, et cela depuis 6 ans.
« Pour ces détenus ayant un engouement spécial pour le cinéma, il y a eu la mise en place d’un atelier de création de films, pour s’initier à l’écriture cinématographique, le montage et la réalisation », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, le directeur de la prison colonel Seifeddine Jelassi, nous a indiqué que la prison de Borj Amri, accueille pour la première fois, cette session des JCC. L’objectif étant d’assurer le droit des prisonniers à la culture, et leur donner l’occasion de débattre sur des sujets d’actualité.
« Le nombre des détenus qui ont assisté à cette projection publique ne dépasse pas la centaine, à cause des conditions sanitaires et selon l’espace disponible. Ils ont été sélectionnés également, selon leurs capacités intellectuelles et leur bonne conduite. Le reste des prisonniers ont eu l’opportunité de regarder le film parallèlement dans leur chambre, grâce à des clés USB fournies par la direction des JCC », a souligné le directeur de la prison.
Retrouvez dans la vidéo ci-dessus, notre reportage à la prison de Borj El Amri.
Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi