Tunisie : L’UGTT vote l’amendement de l’article 20 controversé, lors d’un congrès largement critiqué même par des partis politiques alliés

Le congrès extraordinaire non-électif de l’UGTT tenu les 08 et 09 juillet à Sousse a voté de l’article 20 des statuts de base de la centrale syndicale, permettant aux membres de l’actuel bureau exécutif de se porter candidat pour un 3ème mandat.
Dans une déclaration ce vendredi à Echaâbnews, le Secrétaire Général adjoint de l’UGTT, Hfaïedh Hfaïedh, a indiqué que le projet d’amendement du règlement intérieur de la centrale syndicale a été présenté article par article, et a été voté à une écrasante majorité de 497 voix favorables, 17 oppositions et 03 abstentions.
Il a ajouté que 39 articles ont été amendés au total, liés tous à des thèmes évoqués précédemment, soit l’indépendance de l’UGTT, l’interdiction des infiltrations, la mise en cohérence avec la constitution, les valeurs universelles, etc.
L’article 20, objet d’une large controverse, a été amendé dans le cadre « d’une coordination et d’une cohérence entre les structures moyennes et le leadership de l’UGTT », a-t-il dit.
L’article 20 du règlement intérieur de l’organisation syndicale stipule, initialement, que les membres du bureau exécutif national sont élus par le congrès général pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois.
L’article d’ores et déjà amendé donne la possibilité aux membres de la direction syndicale actuelle de se représenter pour un 3ème mandat.
Remous et grincements de dents
Ce pas franchi par la centrale syndicale a suscité remous et grincements de dents au sein même de la centrale syndicale, notamment du syndicat de l’enseignement secondaire, mais aussi au sein des partis politiques, connus pour être des alliés de la centrale syndicale.
Le parti des travailleurs a considéré que « la tenue du congrès de l’UGTT dans une telle circonstance sanitaire, comme une attitude irresponsable, qui n’obéit qu’au souhait de la direction de l’organisation de vouloir transgresser le règlement intérieur ».
« La révision des statuts de base de l’UGTT et l’article 20 est une atteinte à un acquis démocratique, réalisé à la faveur du militantisme contre l’hégémonie de la ligne bureaucratique ayant inféodé al-Itihad et le mouvement syndical au régime despotique de Ben Ali », s’élève le parti de Hamma Hammami.
Le parti des patriotes démocrates unifiés (PPDU) est sur la même ligne de rejet de la tenue de ce congrès extraordinaire, qui constitue « une régression par rapport aux luttes cumulées de générations de militants et de syndicalistes, en faveur de la consécration d’une action syndicale démocratique et militante, jusqu’à arriver à l’article 20 qui consacre le principe d’alternance aux responsabilités ».
Cette démarche ouvre la porte à tous ceux qui souhaitent annihiler les acquis démocratiques réalisés par des générations de militants, dit le PPDU, considérant que « l’immunisation de l’organisation contre ces dérives et sa pérennisation en tant qu’outil de militantisme national et social, requiert le resserrement des rangs en vue de défendre la démocratie en son sein même ».
Des recours ont été intentés en justice pour empêcher la tenue des assises syndicales de Sousse, le parquet du tribunal de première instance de Sousse 2 en a décidé l’interdiction, mais la centrale syndicale a réussi à les maintenir.
« Le congrès était réussi à tous les niveaux, notamment en termes de respect des mesures de prévention et du protocole sanitaire établi par le comité scientifique », a affirmé Hfaïedh Hfaïedh.
Gnetnews