Tunisie : L’université privée, une meilleure garantie pour des études à l’étranger et l’emploi !

26-09-2022

Des milliers d’étudiants sont inscrits, chaque année, dans les universités tunisiennes privées tunisiennes dont le nombre s’élève à 64 établissements. Entre parcours d’ingénierie, commerce, finances, santé, en période de la rentrée, la surenchère est déclarée ; affiches publicitaires sur les routes principales de la capitale, des publicités sur les meilleures écoles et formations dans les radios, télé, sites internet, et réseaux sociaux….ces établissements tentent d’attirer un plus grand nombre d’étudiants, confrontés à un dilemme crucial : Etudier dans le privé ou public.

En effet, certains étudiants déçus par l’orientation universitaire ou en quête d’opportunités leur garantissant un plus brillant avenir, optent pour des établissements privés certes plus chers, mais plus attractifs en termes d’infrastructure, de ressources, et d’offres d’insertion dans la vie professionnelle, nous a indiqué un chargé de la formation dans une école de business de renommée à Tunis.

S’agit-il d’une meilleure alternative pour fuir un enseignement public en perpétuelle régression, un ascenseur social en panne depuis des années, à cause du déclin progressif du système éducatif public qui ne date pas d’aujourd’hui ?

Ces universités privées vendent-elles du rêve ? Ce sont les questions qui se posent aussi par des parents, prêts à tout consacrer, des couts onéreux et des sacrifices financiers, pour offrir la meilleure éducation à leurs enfants…

Pourtant ce secteur a la réputation d’être un commerce florissant pour des groupes d’investisseurs multidisciplinaires, bien que ces universités offrent un enseignement plus adapté au marché du travail local et international. Et c’est ce qui a augmenté l’affluence des étudiants et la confiance des parents, nous confirme le chargé de la formation.

« Certes l’enseignement public propose des établissements de renom telles que certaines hautes écoles de commerce, d’ingénierie, des facultés de médecine, mais souvent les conditions laissent à désirer. En effet, la gratuité ne rime pas toujours avec qualité. Avec le manque de moyens, de ressources, et l’infrastructure déplorable, les étudiants, même ceux ayant obtenu de bonnes moyennes, préfèrent aller vers les universités privées », ajoute-t-il.

Bien que les programmes sont les mêmes, l’apprentissage y diffère considérablement. « Le privé impose des classes à nombre réduit pour assurer une meilleure qualité d’enseignement, d’encadrement, de suivi et d’évaluation. La plupart des parents exigent une approche pédagogique plus développée, axée sur la pratique pour mieux s’aligner aux besoins du marché professionnel et aux normes internationales. Ce qui les intéresse, est non seulement l’obtention d’un diplôme ou encore la réussite, mais aussi l’acquisition de compétences qui permettent à l’étudiant d’intégrer plus facilement la vie professionnelle. Pour satisfaire cette clientèle exigeante, les universités privées focalisent sur le côté pratique peu disponible dans le public, l’ouverture sur l’international via des conférences organisées par des professeurs et professionnels internationaux,  workshops… ».

Nous nous sommes entretenus avec Mehdi, étudiant en première année qui a obtenu son bac  avec la mention bien. Ce dernier a eu son premier choix en orientation universitaire, vers l’institut national des sciences appliquées et de technologie à Tunis (INSAT). Il s’agit de l’un des instituts les plus réputés en Tunisie, Méditeraneen School of Bussiness (MSB), qui n’est accessible qu’aux meilleurs scores au concours national du bac.

Selon lui, son objectif est d’étudier un mastère au Canada, une chose qui n’est pas garantie à INSAT. Alors que dans cette école de business, l’inscription dans une université étrangère durant le 2ème cycle est un passage obligatoire, quand on paye 62.000 DT ce cursus de deux ans. « Un prix qui revient cher à mes parents, mais qui sera le prix à consacrer pour sauver mon avenir, du chômage ambiant dans le pays, du manque d’opportunités en Tunisie », nous indique-t-il.

D’après les parents de Mehdi, cette année sera la plus difficile pour eux côté finances. Avec sa sÅ“ur qui étudie à l’école française, à 16.000 DT l’année, son père a dû investir dans un nouveau projet pour réaliser son rêve. « Pourvu que cette école ne nous vende pas du rêve, contre quelques fausses promesses… », commente-t-il d’un air soupçonneux.

Nous avons aussi échangé avec Marwan, étudiant en 4ème  année cycle ingénieur à ESPRIT. Avec une moyenne passable au bac, Marwan a été orienté vers une école de design à Nabeul. Un choix qui n’était pas à la hauteur de ses attentes, lui qui est passionné des matières plutôt scientifique. « Mon objectif était aussi d’entamer mes études à l’étranger, d’effectuer un stage dans une entreprise française pour m’installer ensuite ailleurs », précise-t-il. Et comme cette école à la réputation d’offrir une formation de qualité, très sollicitée par les multinationales, j’aspirais à un avenir brillant en allant à cette université », nous explique ce jeune étudiant. Selon lui, ces stages ont été déjà validés par plusieurs professionnels. Les formations supplémentaires concernant de nouvelles compétences et les mises à jour par rapport au secteur de l’ingénierie sont aussi incluses dans le cout global des études. Un avantage difficile à trouver dans l’enseignement public », indique-t-il.

Emna Bhira