Enquête sur les sans-abri dans le Grand-Tunis : Pourquoi sont-ils dans la rue ?

12-12-2019

46% des personnes sans abri errant dans le Grand-Tunis, proviennent des régions Nord-Est, 37% sont originaires de Tunis, 28% du Nord-Ouest, 10% du Centre-Ouest et 5% du Sud-Ouest, et 3% proviennent du Maghreb en général ou de l’Afrique subsaharienne.

C’est ce qui révèle les résultats, première du genre, d’une enquête réalisée le Samu social du Grand-Tunis auprès des personnes vivant dans la rue. Cette étude a été effectuée sur un échantillon de 321 hommes et 115 femmes, au cours de 266 maraudes nocturnes.

Les personnes prises en charge par le Samu-social sont en général des hommes,  ils représentent 74% du total, 26%  sont des femmes.

Quelque 68% des SDF sont âgés entre 40 et 46 ans. Il existe une surreprésentation de cette tranche d’âge en particulier au sein de la population SDF sur le Grand Tunis…

Quant au profil type, il comprend des femmes et des hommes, qui se sont retrouvés dans la rue à cause des relations conflictuelles avec leurs familles, la précarité économique, le licenciement, décès, divorce, célibat et l’absence des soutiens familiaux et conjugaux.

Le rapport a montré que 66% des sans-abri n’ont pas d’enfant. Quant aux femmes représentées dans l’échantillon, elles disent qu’elles se sont retrouvées dans la rue, car elles ont subi des violences physiques, verbales, au sein de leurs familles, ou elles sont des victimes de captation d’héritage…

Avant d’arriver à la rue ces gens-là ont affirmé qu’ils vivaient dans la précarité. Ils ont confié également qu’ils n’avaient pas de liens familiaux ou conjugaux.  La majorité vivait dans un cadre familiale non protecteur, ou ils se sont trouvés dans la rue car leurs proches ont refusé de les accueillir, sous prétexte qu’ils souffrent d’un handicap physique, ou car ils sont en difficulté financière.

La population étudiée est composée majoritairement de célibataires (50%), divorcés (29%), ou veufs.

Concernant leur situation socio-professionnelle antérieure, 37% souffraient de dépendance financière. Soit 70% des questionnées étaient des femmes au foyer, ou travaillaient en tant que femme de ménage, ou dans le secteur agricole. Avant de retrouver dans la rue, elles souffraient d’une dépendance vis-à-vis des ressources familiales, rapportent-elles aux agents du Samusocial du Grand Tunis.

Le rapport a révélé que, les femmes en errance, sont vulnérables au risque d’agression, donc elles sont invisibles dans l’espace public.

 Concernant la plupart des hommes, ils ont travaillé en tant qu’ouvriers ou journaliers.

 Par ailleurs, seulement 3% de cette population sont des mineurs, âgés de moins de 17 ans.

Le faible taux de la présence des enfants dans la rue, montre que le Samu social du Grand-Tunis a la capacité de mettre à l’abri les nouveaux arrivés dans la rue, a expliqué Mme Berthier chargée de l’enquête.

Au sujet de leur scolarité, 59% ont atteint le cycle primaire, 41% ont subi une déscolarisation au cours du cycle primaire ou après son achèvement.

Les stratégies physiques et psychologiques de survie en rue 

Plus de 39% des SDF rencontrés ont vécu plus d’un an dans la rue, 23% y sont durant moins d’un mois.

Pour faire face aux agressions, les sans-abris se regroupent dans des endroits publics de passage.

« Cette population s’en serve en tant que territoires de survie… Quelques 36%  des questionnés ont affirmé qu’ils passaient la journée dans les gares ferroviaires et routières, les stations de métro, les grandes avenues, jardins, parcs, squares, places centrales des faubourgs de la Médina, ou encore dans d’autres lieux retirés.

L’étude a montré également que 20% se dirigent vers les salles d’attente des hôpitaux, car dans ces espaces ils ont la possibilité de dormir à l’intérieur surtout en hiver. Un tiers des sans abri évoluent dans des espaces restreints très délocalisés…

Le rapport a révélé également, que 64% de ces personnes n’ont pas des papiers d’identité ou de domiciliation.

Ils survivent grâce à différentes sources de revenu. Mendicité pour les femmes, quant aux hommes ils travaillent dans le secteur informel pour gagner leurs vies, ou dans le bâtiment, de plus, ils n’ont aucune protection sociale en cas d’accident…

Pour les stratégies de survie psychique, les sans-abri utilisent des médicaments en tant que stupéfiants, qu’ils obtiennent des hôpitaux.

A rappeler, que ce rapport sur « Les personnes vivant dans la rue rencontrées par le Samu social du Grand Tunis », a été réalisé en collaboration avec l’ambassade monégasque en Tunisie.

Emna Bhira