Tunisie : Le soulagement domine l’opinion publique, sur fond d’espérances et de craintes !

12-10-2021

La composition du nouveau gouvernement de Najla Bouden a été dévoilé hier, lundi 11 octobre,  11 semaines après l’annonce des dispositions exceptionnelles. Un gouvernement atypique puisque totalement apolitique et dans lequel, pour la première fois, les femmes ont pris une place importante, en occupant, outre la présidence du gouvernement, 08 ministères et un secrétariat d’Etat.

Salué par les soutiens de Kaïs Saïed et critiqué par ceux qui crient à l’inconstitutionnalité des décisions du 25 juillet, ce gouvernement attise les débats aussi bien au sein de la classe politique que dans l’opinion publique.

Gnetnews s’est rendu sur l’Avenue Habib Bourguiba pour recueillir l’avis des Tunisiens, quant à cette nouvelle étape. Sont-ils satisfaits de la composition de l’équipe gouvernementale ? Quelles sont leurs attentes et leurs craintes ?

Les citoyens étaient, en majorité, soulagés par l’annonce de la composition du nouveau gouvernement de Najla Bouden, et semblent plus optimistes quant à l’avenir du pays. Pour eux, il s’agit d’un nouveau départ, loin des intérêts partisans étriqués et des querelles politiques.

« Désigner des technocrates à la tête des différents ministères est le meilleur choix à faire en cette période critique, où les Tunisiens sont lassés des partis, et de l’ambiance anxiogène instaurée durant deux ans par les députés, au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) », a lancé un passant d’une cinquantaine d’années.

Un Tunisien résidant à l’étranger nous a confié, pour sa part, qu’il était enthousiaste par ce nouveau gouvernement.

« Enfin, nous avons tourné la page d’une époque de régression, de violence, et de corruption. L’ARP était la source de tous les maux. Pour l’instant, les décisions de Saïed, qu’elles soient constitutionnelles ou non, devraient être approuvées. Il n’y avait pas d’autres moyens pour échapper à la crise politique et sauver le pays, à part geler les activités de l’ARP. Maintenant, il faut soutenir le président pour aller de l’avant Â», a-t-il conclu.

Les intervenants se sont penchés aussi sur les priorités du gouvernement. Comme ce monsieur qui a insisté sur la question de la confiance entre les citoyens et l’Etat. « Cet objectif a été évoqué hier dans le discours de Bouden. Il est d’une importance extrême après une dizaine d’années de déceptions et désillusions post-révolution… ».

Pour lui, cette confiance se reconstruit, quand le gouvernement tiendra ses promesses. « Les Tunisiens veulent voir leur situation économique et financière s’améliorer. Outre les jeunes, qui souhaitent sortir du chômage, et bénéficier d’un minimum de bien-être dans leur pays », a ajouté un jeune intervenant.

Concernant le gouvernement, et l’efficacité de son action future, un autre citoyen plus réticent, a souligné qu’il est encore tôt de le juger. « Près de 10 gouvernements se sont succédé durant la dernière décennie, et tous étaient décevants ». Pour lui, une chose est sûre, c’est qu’une femme à la tête du gouvernement, ainsi que la présence de 09 femmes de plus dans des ministères phares, et postes managériaux sera sans doute bénéfique pour le pays.

« Les femmes sont de bonnes gestionnaires et sont souvent mieux productives, persévérantes et transparentes comparées aux hommes », a indiqué un autre passant.

Pour cet ancien haut fonctionnaire de l’Etat, les femmes tunisiennes ont,  depuis l’Indépendance, fait preuve de compétence. « Le problème c’est la mentalité patriarcale qui empêche les femmes d’être aux premiers rangs, et d’accéder aux postes de responsabilité ».

En interprétant la désignation d’une dizaine de femmes à la tête de plusieurs départements, notre intervenant a  expliqué que le président de la République, Kais Saied a tenté de redorer son image, chez une potentielle base électorale qui l’accusait de conservatisme voire d’obscurantisme.

Concernant la capacité de la nouvelle équipe de gérer le pays alors qu’il subit les séquelles d’une triple crises financière, économique et sanitaire, ce fonctionnaire à la retraite a recommandé de rester réaliste. « Il ne faut pas que les Tunisiens aient des attentes démesurées de ce gouvernement. Profitons de cette période de paix, avant que Saied n’adopte l’amendement du code électoral en optant pour un référendum. A ce moment, même les syndicats et les partis politiques qui le soutiennent, se retourneront contre lui…A ce moment-là, nous serons face à une autre crise politique plus aigüe… », a-t-il conclu pessimiste.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus notre micro-trottoir.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi