Recrutement des enseignants : Les 1110 postes à pourvoir sont insuffisants d’après les docteurs au chômage

08-12-2021

Un total de 1110 postes d’assistants universitaires sont à pourvoir suite à la réouverture du concours national de recrutement au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, d’après un arrêté publié au Journal Officiel n° 111-164, le mardi 29 novembre 2021.

Ces postes seront répartis sur plusieurs spécialités, telles que les sciences islamiques, les langues vivantes, les arts, les sciences humaines et sociales, la documentation, les archives, le droit, le marketing, la comptabilité, la finance, le théâtre, philosophie, traduction, histoire et géographie, chimie, biologie, physique, ingénierie, robotique, et sciences de l’information, etc.

L’annonce intervient après plus de 5 ans d’absence de recrutements au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, et après deux années consécutives de revendications et de sit-in continus, des docteurs et chercheurs au chômage, ayant réclamé avec acharnement, leur droit au travail.

Néanmoins, la réouverture du concours national de recrutement des enseignants de l’enseignement supérieur, n’a  pas été jugée une solution de fond pour ces derniers. « Outre les 5000 docteurs au chômage, il existe 14 000 étudiants inscrits actuellement en recherches doctorales qui se retrouveront bientôt dans la même situation de précarité…Ainsi le nombre des chômeurs va tripler dans l’avenir, et les universités dépasseront largement leurs seuils de recrutement ».

C’est ce que nous a affirmé Manel Selmi, porte-parole de la coordination des docteurs et chercheurs au chômage, dans un entretien accordé à Gnetnews, rappelant que c’est tout le secteur de la recherche scientifique qui doit être réformé pour résoudre la problématique du chômage à long terme.

Selon elle, le fait d’employer ces bac+10, exige une stratégie nationale de réforme, qui doit intégrer ces personnes hautement diplômées, dans toutes les institutions de l’Etat, et dans le secteur privé.

« Nous avons des experts dans toutes les spécialités, dont l’expertise est sollicitée par plusieurs ministères actuellement, comme l’environnement, la santé et l’économie. Pourquoi ne pas les employer dans ces départements, au lieu de ne compter que sur le concours du MES ?, martèle-t-elle.

Manel Selmi a  aussi rappelé que parmi leurs revendications qui n’ont pas été prises en compte par le MES, il y a le renforcement des capacités et de la productivité des docteurs.

« Le ministère doit garantir aux chercheurs les meilleures conditions de travail dans les laboratoires. Quant à l’Etat, il doit penser à les fournir par les dernières revues scientifiques, ouvrages et publications des chercheurs internationaux. Sans cela, les candidats pour le concours national de recrutement au sein du MES, ne pourront pas répondre aux critères du comité de recrutement, qui exige des articles publiés, des interventions dans des colloques et des activités scientifiques qui nécessitent un financement. Alors que les docteurs vivent sans ressources et dans la précarité avec les contrats de vacation, et des recrutements en CDD».

Un manque de transparence et de précision

Pour la coordination des docteurs et chercheurs au chômage,  l’annonce de la réouverture du concours présente aussi des zones d’ombre sur d’importantes informations.

 « L’arrêté n’a pas précisé pendant quelle année universitaire les candidats ayant réussis le concours seront affectés. La composition des comités d’évaluation n’a pas été également dévoilée. Ces informations doivent être accessibles à tous les candidats afin de garantir un minimum de transparence, et pour assurer un processus de recrutement équitable… », a recommandé la coordination.

Une autre problématique qui se pose suite à cette annonce, c’est la répartition inégale du nombre des postes par spécialité. Le nombre élevé des docteurs enregistré dans les matières scientifiques n’a pas été pris en compte par ce concours. « Les 800 docteurs en biologie au chômage,  n’ont en tout, que 67 postes à pourvoir. C’est le cas aussi des docteurs spécialisés en physique, qui passeront le concours pour 33 places seulement ».

Manel Selmi a ajouté dans ce sens qu’une étude sur le nombre des chômeurs par spécialité aurait du être faite avant la réouverture du concours…

Nous avons aussi contacté Zied Ben Amor, le président de l’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (IJABA), qui a rappelé que l’ouverture de 1110 postes d’assistants de l’enseignement supérieur, est le fruit d’un long combat des diplômés sans emploi, pour leur droit au travail.

 Pour lui, c’est un pas positif que ces bac+10, soient enfin écoutés par le département. « L’important, c’est que le concours reprenne chaque année, comme il a été promis, afin que ces diplômés retrouvent leur dignité, dont ils ont été privés depuis 2013 ».

Ce dernier a appuyé l’avis de la coordination des docteurs au chômage, sur l’importance d’une stratégie nationale de réforme de l’enseignement supérieur. « L’âge de la retraite des universitaires doit être révisé ainsi que la question des heures supplémentaires, et le renforcement du soutien financier  pour les universités ».

Rappelons que les dossiers de candidature pour le concours national de recrutement des assistants de l’enseignement supérieur,  seront réceptionnés par les rectorats, du lundi 03 janvier 2022  au vendredi 21 janvier 2022. 

Emna Bhira