La colonisation française agite le parlement, les priorités de la Tunisie sont ailleurs, pour certains

09-06-2020

La chambre des députés a poursuivi cet après-midi les travaux de la séance plénière consacrée à la discussion du projet de motion demandant des excuses à la France pour les crimes commis pendant et après l’occupation directe. Mais la séance a tourné court.

Les députés ont repris le débat là où ils l’ont laissé le matin avant que le climat ne s’envenime et la plénière ne soit levée suite à l’intervention de Rached Khiari, qui a d’emblée affirmé que « les conventions de l’indépendance n’étaient qu’une comédie ».

Pour le député, Jamel Bedhouafi, (bloc de l’avenir), c’est « la colonisation ottamane qui assume la responsabilité de la colonisation française ».

Seifeddine makhlouf, dont le bloc la coalition de la dignité, est à l’origine de ce projet de motion, avait  affirmé  que « le droit à des excuses est une demande noble et civilisationnelle que tous les pays réprimés ont réclamée ». Il a ajouté que « les plus grands carnages coloniaux se sont produits après 1956. Pendant le carnage de Bizerte, des civils désarmés ont été visés de la part du Général De Gaulle, on n’oubliera pas cette tuerie », a-t-il dénoncé, en assénant : « le carnage de Bizerte n’est pas à oublier, et on l’abandonnera pas, ce n’est pas une simple bataille ». Le député a regretté que le président de la république n’ait pas adopté la teneur de cette motion.

Chokri Dhouibi (n’appartenant à aucun bloc) a dit « ne pas s’opposer au projet de la motion ». « Notre situation est devenue extrêmement déplorable, nous avons participé à déprécier le paysage politique », a-t-il regretté, appelant « à immuniser notre pays contre les formes du néo-colonialisme ».

Belgacem Hassan (Bloc d’Ennahdha) a souligné que « des élites françaises parmi des universitaires et politiques ont demandé la France de s’excuser pour les crimes colonialistes ». « Les excuses seraient une forme de reconnaissance de la colonisation », a-t-il dit.

Pour Abir Moussi (PDL), « le fait de ne pas citer l’UNFT dans cette motion revient à minorer le militantisme de la femme et est une preuve de la rancœur idéologique de certaines parties ». La députée a salué le leader Bourguiba qui est « le symbole du mouvement national et de la lutte contre la colonisation, et le demeurera ». Elle a appelé « à ajouter des marques d’estime envers les leaders du mouvement nationla à leur tête Farhat Hached, Radhia Haddad et autres ».

« Certains psychologues et anthropologues français ont condamné l’atteinte contre la souveraineté de la Tunisie, mais leurs études et écrits ont été passés sous silence », a souligné Yosri Dali. Il a appelé la France « à traiter la Tunisie, comme elle a demandé à l’Allemagne de la traiter. Pour l’élu de la coalition d’el-Karama (dignité), la Tunisie a besoin, aujourd’hui, d’excuses ayant mis du temps à avoir lieu ».

Pour Ridha Jaouadi, « la France exerce une occupation sur notre religion, notre langue, nos élites, nos élèves et étudiants ». Le député a appelé « à ne pas nommer les combattants de Feleguas, ce nom est réducteur et leur a été donné par la France pour les humilier ». Le député estime que « l’occupation française se poursuit sous de nombreuses formes ». « La France est toujours présente en Tunisie à travers les politiques vendus, et la recherche scientifique pour infiltrer les esprits ».

Pour la députée Lamia Jaïdane, « le projet de motion ne fait pas partie des priorités du peuple tunisien », une opinion qu’elle partage avec d’autres de ses collègues de l’Assemblée.

Gnetnews