Biden se défend à l’ONU de vouloir une nouvelle guerre froide avec la Chine

22-09-2021

AFP – Joe Biden a assuré mardi devant l’ONU qu’il ne voulait pas d’une « nouvelle Guerre froide » avec la Chine, et a défendu son attachement au multilatéralisme face à des alliés européens qui l’accusent de faire trop souvent cavalier seul.

« Nous ne voulons pas d’une nouvelle Guerre froide, ou d’un monde divisé en blocs rigides », a lancé le président des États-Unis pour le premier discours de son mandat à l’Assemblée générale des Nations unies.

Pour autant, les États-Unis vont « participer avec vigueur » à la « compétition », a-t-il prévenu sans nommer directement la puissance rivale.

Le président Biden a aussi promis de « défendre la démocratie » ainsi que ses « alliés », et de s’ » opposer aux tentatives des pays plus forts de dominer les plus faibles ».

Son discours à la prestigieuse tribune new-yorkaise de l’ONU sera suivi dans la journée par celui du président chinois Xi Jinping, par vidéo pré-enregistrée, dans un duel à distance entre les deux superpuissances engagées dans une confrontation de plus en plus envenimée.
En prélude à cet échange, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait appelé Washington et Pékin au « dialogue », mettant en garde contre une dégradation des crises mondiales qui serait « beaucoup moins prévisible que la Guerre froide ».

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait aussi déploré lundi une « orientation très confrontationelle » des États-Unis dans ce bras de fer, estimant que les Européens devaient défendre un « modèle alternatif ».

Pékin conteste également l’idée d’une nouvelle Guerre froide comme celle qui a opposé les États-Unis à l’Union soviétique au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Mais c’est à peu près le seul point de convergence entre les deux pays, sur fond de tensions extrêmes.

Pour Richard Gowan, de l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group, « Biden a géré la question de la Chine intelligemment, sans jamais la nommer » mais en « multipliant les allusions aux méfaits chinois ».

La républicaine Nikki Haley, qui fut ambassadrice à l’ONU de l’ex-président Donald Trump, a au contraire estimé que le démocrate avait ainsi « ignoré la réalité et la gravité des menaces et des ennemis de l’Amérique ».

Le rendez-vous diplomatique mondial, qui s’est ouvert mardi et durera une semaine, est particulièrement attendu cette année, après la version virtuelle de l’an dernier.

Joe Biden a profité de son discours dans le temple du multilatéralisme pour mettre en avant le « retour » de l’Amérique comme partenaire fiable auprès de ses alliés malmenés pendant l’ère Trump.
« Au cours des huit derniers mois, j’ai accordé la priorité à la reconstruction de nos alliances », a-t-il plaidé.

Pour preuve de sa contribution au bien commun, il a promis de « doubler » l’effort financier international de Washington contre le changement climatique et annoncé de futurs « nouveaux engagements » contre la pandémie de COVID-19.

Il s’est surtout engagé à ouvrir une « ère de diplomatie » après la fin de la guerre en Afghanistan.
Mais le retrait d’Afghanistan, qui s’est achevé dans le chaos fin août au grand dam de nombreux pays européens, puis la crise ouverte avec la France dans l’affaire des sous-marins, qui a éclaté la semaine dernière, ont totalement brouillé son message.

Paris ne décolère pas contre l’annonce par les États-Unis, le 15 septembre, d’un pacte de sécurité conclu avec l’Australie et le Royaume-Uni pour contrer Pékin, surnommé AUKUS. Ce nouveau partenariat a mis le feu aux poudres transatlantiques, car il s’est fait dans le dos des Français, qui ont perdu un énorme contrat de sous-marins commandés par Canberra.

Lors d’une rencontre à New York, le président Biden et le premier ministre australien Scott Morrison ont tenté de rassurer en affirmant que leur pacte allait « s’étendre » à d’autres alliés.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a encore dénoncé une « rupture de confiance », conforté par la « solidarité » de l’Union européenne.

Signe des tensions persistantes : la France a été représentée a minima, dans l’hémicycle new-yorkais, pendant le discours de Joe Biden, et a fait savoir que l’entretien téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain attendu d’ici la fin de la semaine viserait une « clarification » plutôt qu’une « réconciliation ».

Parmi les autres intervenants de mardi, le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi n’a pas donné d’indication claire sur ses intentions lors de ses débuts internationaux.

Il s’est dit favorable à la reprise des négociations pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien, interrompues depuis son élection en juin, mais a insisté pour que leur « objectif final » soit « la levée de toutes les sanctions oppressives ».

Joe Biden a lui redit qu’il est prêt à revenir dans cet accord que Donald Trump avait quitté si Téhéran renoue aussi avec les restrictions nucléaires dont l’Iran s’est affranchi.