Corridors de transport et logistique en Afrique : La nécessaire adaptation des ports tunisiens

03-06-2019

« Pas moins de cinq ambassadeurs d’Afrique subsaharienne ont manifesté leur intérêt, pour l’investissement dans des corridors de transport et logistique en Afrique », a déclaré le président de la Tunisia Africa Business Council (TABC), Bassem Loukil, durant un Think Tank pour « la prospérité de l’Afrique », organisé le vendredi 3 juin, dernier.

Le patron du groupe Loukil a indiqué qu’actuellement, l’Afrique fait l’objet d’une attention accrue des acteurs économiques tunisiens, qui peuvent y trouver un relais de croissance salutaire, grâce à l’investissement dans l’infrastructure de transport et logistique, favorisant les échanges sud-sud.

Il a ajouté que, « la perspective tunisienne présentée durant cet évènement, sur les corridors de transport panafricains, est issue d’une étude méticuleuse. Elle compte : « les points d’entrée maritimes en Afrique, intégrant l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest, de l’Est et l’Afrique australe. L’étude inclut aussi un abaque du cout de fret maritime depuis la Tunisie vers l’Afrique ».

Selon lui, « cette étude va tracer les corridors du transport africain, et les outils nécessaires pour les opérateurs économiques tunisiens, pour savoir à qui s’adresser pour investir, et à quel marché faut-il s’orienter en fonction des plateformes logistiques. »

Par ailleurs, « les données économiques logistiques liées au transport international d’une vingtaine de pays africains, incluses dans cette étude, sont dédiées aussi bien aux décideurs politiques, qu’économiques, pour une meilleure planification de coopération multilatérale, d’expansion commerciale sur le continent ».
Etat des lieux des corridors transport et logistique en Tunisie

Au sujet des voies de transport maritime, le ministre du transport, Hichem Ben Ahmed a confirmé, « qu’il est très important que les autres ports fonctionnent aussi, hormis le port de Rades, réadapté pas mal de fois, car non conçu pour les conteneurs… ».

Selon lui, « les travaux d’intégration des quais 8 et 9, peuvent toucher les intérêts de certaines parties ».

« En ce moment, la compagnie tunisienne de navigation(CTN), l’office nationale des pêches (ONP), et la société tunisienne d’acconage et de manutention (STAM), ainsi que l’office de la marine marchande et des ports (OMMP), sont en train de discuter, pour mettre fin au retard de ces travaux, dont la clôture était prévue pour juin 2019 ».

Au sujet du ciel-ouvert, et la libéralisation du ciel tunisien face aux compagnies aériennes étrangères, Ben Ahmed a révélé que « l’Etat attend que le problème interne du Brexit soit résolu, pour signer l’accord de l’Open Sky, activer la démarche de l’Union Européenne et, pour permettre à Tunisair de se restructurer également ».

Concernant la diminution des vols de Tunisiair, destinés à l’Afrique et à certains pays de l’Europe, il a expliqué qu’il y a un changement de stratégie, dont l’objectif est d’améliorer les services après tant de réclamations. « On ne peut plus faire subir aux passagers un retard de plus que 15 heures. L’annulation actuelle des vols vers l’Afrique, est temporaire, à cause des capacités de la compagnie ».

Des projets pour les ports de Enfidha et Bizerte
En parlant des projets à venir, le ministre a évoqué « le port de Enfidha, qui doit jouer le rôle de HUB de fret, en pleine méditerranée entre l’Afrique et l’Europe, car il est situé à côté de plusieurs hectares de zones logistiques, ce qui va permettre de ramener les conteneurs d’une manière plus facile et directe ».

Ben Ahmed a aussi indiqué que, le ministère a des projets pour le port de Bizerte, en rappelant que, la CTN ne doit pas être la seule partie qui prend les initiatives, le privé doit intervenir, selon lui.

« Il s’en ajoute l’utilisation de 10% seulement des capacités des machines de logistique tunisiennes. En ce moment, nous sommes à 8 bateaux dans le pavillon national. On ne peut plus continuer dans cette logique de taxation pour les sociétés privées, et les bateaux de croisière et de divertissement ».

« Ces bateaux travaillent 3 mois par an, ce qui représente 20% de taux de remplissage, soit 8 bateaux dans le pavillon national. Ceci revient à la logique de taxation, décourageante pour les sociétés privées des bateaux de croisière », a-t-il déploré.

« La solution est de développer le transport terrestre d’abord avec les pays africains, faciliter le flux de la marchandise et de miser sur des bateaux de fret moins grands, dans le but de développer l’exportation. », a-t-il conclu.

Emna Bhira