La Tunisie face à une crise énergétique, avec un plan solaire qui bât de l’aile

24-06-2022

Une étude sur le « Groupement des producteurs d’énergie renouvelable » publiée par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) a révélé que 95% de l’électricité du pays est produite à partir du gaz, alors que notre production nationale de gaz a chuté de 40% en volume entre 2010 et 2019, outre son prix qui s’est envolé à cause de la crise ukrainienne.

Pour  réduire sa forte dépendance aux énergies fossiles, un Plan solaire a été lancé en 2015 visant une transition de 35% aux énergies renouvelables d’ici 2030. Pour y parvenir, 500 mégawatts doivent être réalisés chaque année durant 8 ans.

Ce programme gouvernemental élaboré par le ministère de l’industrie, de l’énergie et des mines pourrait-il être réalisé dans le respect des délais préétablis ? C’est la question qui a interpellé la CONECT, intervenue à ce sujet lors d’une conférence de presse organisée mercredi 2022 sur la thématique  « Les énergies renouvelables pour pallier au déficit énergétique en Tunisie  ».

Blocage des raccordements des centrales photovoltaïques au réseau STEG

Abdellatif Hammouda, président du Groupement professionnel des producteurs des énergies renouvelables ≥ 1 MW de la CONECT, a rappelé que 67 projets ER ont été approuvés depuis 2015 par le département, ayant une capacité de production de 834 Mégawatt, avec un investissement de 1201 MD.  Ceci a donné lieu à des conventions signées entre des opérateurs privés et le ministère de l’industrie, de l’énergie et des mines. Mais, depuis cette date un seul projet de 1 MW a été raccordé, à ce jour, au réseau de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG).

« Le Plan solaire n’a été réalisé qu’à hauteur de 3.7% en 2022, soit sept ans après sa promulgation.
Actuellement, la situation du secteur est freinée en raison du boycott du raccordement des installations de production d’énergie renouvelable par les syndicats de la Société tunisienne de la STEG », a-t-il dénoncé.

La CONECT appelle le gouvernement à respecter ses engagements

Selon Abdellatif Hammouda, le blocage du raccordement des centrales de production des énergies photovoltaïques fait perdre à la Tunisie près de 2500 millions de dinars d’investissements non réalisés, plus de 400 millions de dinars de manque à gagner annuel pour l’Etat, sans oublier la perte de confiance des investisseurs étrangers.

« Pour rappel, la Tunisie importait en 2010, 10% de ses besoins énergétiques. Aujourd’hui, elle en importe 48% dans un contexte mondial extrêmement difficile et un contexte national marqué par une crise budgétaire aiguë et un déficit énergétique structurel. S’y ajoute, l’impact du conflit russo-ukrainien qui a entrainé une hausse du prix du baril de pétrole annexé à celui du gaz qui balance entre 110 et 120 dollars. Alors que la loi des finances 2022 a prévu le prix de 75 dollars le baril. Une augmentation de 1 dollar du prix du baril entraine une augmentation de 10 millimes du taux de change du dollar, ce qui entraine une augmentation des 40 MD des dépenses citées », explique-t-il.

Dans ce contexte, la CONECT appelle les pouvoirs publics à respecter leurs engagements envers les investisseurs nationaux et internationaux qui croient au potentiel de la Tunisie en matière des énergies renouvelables. Les syndicats de la STEG  sont aussi appelés à reconsidérer leur position de refus au vu de l’intérêt que représente le secteur ER pour les concitoyens et l’état.

 Le président du Groupement professionnel des producteurs des énergies renouvelables ≥ 1 MW de la CONECT a annoncé, également le démarrage de la campagne « #Sayeb Triciti » (Libérez l’électricité) pour relever certains défis, dont l’élimination des obstacles à la promotion des énergies renouvelables et à l’accélération de la transition énergétique et ce, dans le but de booster les investissements et rétablir les équilibres financiers de l’Etat.

 E.B