La France prévoit un déconfinement en Mai, malgré une situation épidémique fragile

21-04-2021

AFP – Malgré une décrue de l’épidémie encore fragile, l’exécutif maintient son objectif de lever progressivement les restrictions dès le mois de mai, en supprimant la limite des 10 km le 2 mai au soir et en rouvrant les terrasses mi-mai, grâce à l’accélération de vaccinations.

Emmanuel Macron, qui avait tracé ce calendrier fin mars, devrait annoncer lui-même ces modalités de réouverture d’ici la première semaine de mai, selon cette source.

L’exécutif prévoit aussi d’alléger éventuellement le couvre-feu et de rouvrir à partir de mi-mai les commerces non alimentaires et lieux de culture, avec des jauges réduites, a indiqué à l’AFP une source proche de l’exécutif, alors qu’un Conseil de défense sanitaire s’est tenu mercredi matin avant le Conseil des ministres.

Des adaptations territoriales sont à l’étude, avec une jauge plancher de 35% dans les lieux de culture, qui varierait en fonction de la circulation du virus.

Ce choix reflète la conviction de l’exécutif que le nombre de contaminations tombera autour de 20.000 par jour d’ici un mois et que l’objectif des 20 millions de vaccinés avec au moins une dose, prévu mi-mai, sera atteint.

Mais la décrue est encore lente et reste à confirmer, rappellent à la fois le ministère de la Santé et plusieurs experts.

Depuis cinq jours, « nous amorçons une décroissance de l’épidémie » de coronavirus, qui a emporté plus de 101.500 personnes depuis un an, a souligné le ministre de la Santé Olivier Véran dans une interview au quotidien régional Le Télégramme.

« On était monté à 40.000, on est aujourd’hui aux alentours de 33.000 cas chaque jour en moyenne ».

Néanmoins, quelque 43.000 nouvelles contaminations ont été répertoriées mardi, selon Santé publique France.

« On voit clairement une baisse notable dans un grand nombre de régions », a confirmé l’épidémiologiste Antoine Flahaut sur RTL.

Le taux de reproduction (R0) du virus, indicateur-clé correspondant au nombre de personnes infectées pour un seul malade, est « passé sous les 0,9 », relève ce médecin, prédisant que la baisse s’accentuera dans les jours qui viennent.

Mais « la descente n’est pas encore suffisamment rapide », avertit lui-même Olivier Véran, parlant d’une situation « fragile ».

Et la professeure Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l’Hôpital Saint-Antoine à Paris d’abonder: « Je ne dirais pas une décroissance de l’épidémie. Je pense que le terme est un peu trop enthousiaste ».

« Ce que l’on voit, c’est un freinage de l’augmentation des cas. On n’est pas du tout dans une diminution du nombre de personnes hospitalisées, on est plutôt dans un ralentissement de l’augmentation des personnes qui arrivent à l’hôpital ou arrivent en réanimation », a-t-elle dit sur FranceInfo.

« Il y a moins de contaminations mais on est à un niveau tellement élevé que ça ne se répercute pas encore sur la charge hospitalière », a-t-elle insisté.

– Autotest des élèves –

La tension sur le système de santé ne faiblit pas: la France comptait 31.086 patients hospitalisés, dont presque 6.000 en soins intensifs. Le niveau est inférieur au pic de la première vague en avril 2020 (7.000), mais supérieur à celui de la deuxième.

« Ce serait trop prématuré d’ouvrir le pays aujourd’hui. la France est sur la bonne pente et doit tout faire pour conserver » ce cap », avertit le Pr Flahaut, favorable à trois semaines supplémentaires de semi-confinement.

Pourtant les vacances scolaires s’achèvent bientôt et les élèves du primaire (entre 6 et 11 ans) doivent retourner en classe le 26 avril, collégiens et lycéens le 3 mai. L’exécutif réfléchit notamment à déployer massivement à la rentrée des autotests des élèves.

La levée des restrictions est espérée avec une impatience mêlée d’inquiétude par les commerçants ou restaurateurs, ces derniers cumulant environ huit mois de fermeture depuis le début de la pandémie il y a plus d’un an.

Emmanuel Macron s’est félicité lors d’une réunion « vaccins » mardi soir à l’Elysée que la campagne vaccinale « s’accélère » avec près de 18 millions de doses déjà injectées. Il a estimé que l’important était « de savoir comment on maintient ce rythme », notamment en raison de « difficultés pour convaincre sur l’AstraZeneca », dont l’administration a provoqué des cas rares de caillots sanguins.