Le SNJT dénonce la répression contre les journalistes
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a publié un communiqué condamnant les poursuites répétées et souvent arbitraires des journalistes devant les unités de sécurité, sur la base de plaintes dont certaines remontent à 2022.
Le 11 novembre, Khawla Boukrim, rédactrice en chef de Tunis Media, a été entendue par la Brigade de lutte contre la criminalité de Ben Arous pour une prétendue agression contre un agent de sécurité lors d’une manifestation qu’elle couvrait. Elle a été relâchée après l’audition.
Dans une autre affaire, le journaliste Hechmi Nouira a été convoqué par la Brigade judiciaire de Moknine, à Monastir, suite à une plainte de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) concernant ses commentaires sur les précédentes élections présidentielles diffusés sur la chaîne Attessia. Son avocat avait demandé le transfert de l’audition à Tunis, demande qui a été rejetée.
Le même jour, un photojournaliste a été détenu arbitrairement alors qu’il filmait devant le ministère de la Justice. Emmené au poste de police de Bab Bnet, il a été soumis à un interrogatoire, et son matériel a été confisqué.
Le SNJT a également signalé que Rahma Bahri, journaliste pour le site Al-Katiba, a été convoquée en tant que témoin par l’unité nationale de la recherche dans les crimes financiers complexes à El Gorjani.
Selon le syndicat, ces convocations à répétition, qui ont atteint un total de 37 en 2024, s’inscrivent en dehors du cadre légal qui encadre le travail journalistique. Le SNJT condamne fermement ce qu’il considère comme des abus visant à restreindre la liberté de la presse, en violation flagrante du décret 115 régissant la profession, et appelle à des actions légales contre les auteurs de ces violations.
Le syndicat interprète ces convocations, en particulier celles initiées par les autorités officielles, comme faisant partie d’une politique délibérée visant à restreindre la liberté de la presse en Tunisie et à empêcher les journalistes de remplir leur rôle de surveillance des actions gouvernementales dans l’intérêt public.
Le SNJT exhorte le ministère de l’Intérieur à annuler la plainte infondée contre Khawla Boukrim, qu’il qualifie de mesure d’intimidation. Il appelle également l’ISIE à retirer sa plainte contre Hechmi Nouira, rappelant que la critique des politiques publiques par les journalistes est un droit fondamental.
Le syndicat met en garde contre l’utilisation abusive des institutions publiques pour harceler les journalistes, signalant que de telles pratiques compromettent gravement la confiance des citoyens envers les institutions de l’État et aggravent la précarité de la profession.
Gnetnews