Le SNJT dénonce une nouvelle atteinte à la liberté de la presse après la décision contre Mohamed Boughalleb
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Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a vivement dénoncé la décision de la Cour de cassation de maintenir les poursuites contre le journaliste Mohamed Boughalleb, le renvoyant ainsi devant la chambre criminelle du tribunal de première instance. Cette décision fait suite à une plainte déposée par une universitaire, sur la base de l’article 24 du décret 54 relatif à la lutte contre les crimes liés aux systèmes d’information et de communication.
L’affaire remonte à juin 2024, lorsque la défense de Boughalleb avait introduit un recours en cassation contre une décision de la chambre d’accusation de la Cour d’appel, qui confirmait la mise en examen du journaliste. Avec cette nouvelle décision, le dossier retourne à la juridiction compétente, ouvrant la voie à un procès où Boughalleb risque jusqu’à 10 ans de prison, pour une publication sur Facebook jugée offensante par la plaignante.
Détenu depuis avril 2024, Mohamed Boughalleb avait déjà purgé une peine de huit mois de prison, prononcée par la Cour d’appel de Tunis, à la suite d’une plainte déposée par une employée du ministère des Affaires religieuses concernant un commentaire radiophonique sur la gestion financière du ministère. Son maintien en détention suscite des inquiétudes, notamment en raison de la détérioration de son état de santé, avec une perte quasi totale de la vue dans l’un de ses yeux.
Le SNJT a qualifié cette décision d’ « atteinte grave à la liberté de la presse », dénonçant un revirement jurisprudentiel par rapport à une récente décision de la Cour de cassation, qui avait annulé les poursuites contre l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani pour des propos critiques envers des fonctionnaires publics. Le syndicat fustige ainsi l’incohérence des décisions judiciaires et souligne que le décret 54, dans son application actuelle, remet en cause le principe de l’égalité devant la loi et criminalise la liberté d’expression.
En outre, le SNJT réitère son soutien indéfectible à Mohamed Boughalleb et à l’ensemble des journalistes détenus, appelant à leur libération immédiate. Il pointe également la responsabilité du président de l’Assemblée des représentants du peuple, Ibrahim Bouderbala, qui, malgré un consensus politique et social sur la nécessité de réviser le décret 54, bloque depuis plus d’un an l’examen d’une initiative législative en ce sens.
Le syndicat insiste sur l’urgence d’une réforme législative pour garantir le respect des standards internationaux en matière de liberté de la presse et protéger les journalistes contre les poursuites abusives.
Gnetnews