Quel rôle pour les banques dans le sauvetage de l’économie tunisienne ?
« En Tunisie, les entreprises sont en difficulté des suites du confinement décidé par le gouvernement pour l’endiguement du Coronavirus, d’autant que ces entreprises ont de lourdes dettes. Le report des échéances de 3 ou 4 mois pouvant leur être proposé, n’empêche pas de payer plus tard un taux d’intérêt très élevé allant de 9 à 11%. Les banques en tireront, elles, une importante bénéficiaire. Le mieux est qu’elle soit transformée en obligations convertibles, pour sauver l’économie tunisienne».
C’est ce qu’a recommandé l’expert en économie Makram Bellalah, lors d’un webinar ayant pour thématique « L’effet de la crise sur l’économie et la finance internationale », organisé par l’école supérieure privée des technologies d’informatique et de management » (ESTIM).
Les obligations convertibles permettent la conversion de l’argent placé en banque ou encore le taux d’intérêt gagné, en actions. Ceci a l’avantage de désengager la banque en termes de financement, et de transformer l’argent investi par les ménages ou les entreprises, en activité avec un profit sous forme de dividendes, a souligné Pr Bellalah.
« D’ailleurs, il va falloir arrêter la rémunération des investisseurs ayant placé leur argent en banque au moins durant une année, pour réinvestir le taux d’intérêt non pas pour rémunérer les entrepreneurs, mais pour éviter le risque de faillite aux entreprise en difficulté. Ce taux d’intérêt peut se traduire également par des investissements internationaux, dans le textile avec la loi 72 et 87, pour générer des retours en devise.», recommande-t-il.
Tunisair doit limiter son personnel et le redéployer
L’économiste a par ailleurs évoqué la situation de la compagnie aérienne nationale Tunisiair qui s’est retrouvée en faillite dans ce contexte épidémiologique.
D’après lui, Tunisair est appelée à rééquilibrer son budget et à limiter son personnel à 4500 personnes.
Elle doit également éviter le licenciement et opter pour le repositionnement des employés en termes de services, avec une restructuration de la situation interne.
 Le consultant financier a rappelé que le gouvernement français a accepté d’injecter 400 milliards d’euros pour sauver Air France. « La Tunisie peut faire de même, mais pas avec le même nombre de personnel et en gardant les mêmes méthodes de travail, sinon ça sera inutile d’investir autant d’argent pour trouver les mêmes résultats », déplore-t-il.Â
Pour les autres secteurs, Bellalah a appelé à réétudier certaines chaines de valeurs  comme le secteur médical et paramédical pour ne plus dépendre des autres pays dans les situations de crise.
Pour lui, il faut investir dans l’innovation, se concentrer sur la création de la valeur ajoutée et l’emploi afin d’augmenter la richesse. Il a recommandé également, de mettre en place des banques en ligne (E-banking), à encourager le télétravail dans tous les domaines, ce qui est plus agréable pour les salariés et surtout plus rentable et productif pour les employeurs.
Pr. Bellalah recommande de penser aux Fintechs, et d’opter pour des stratégies bien optimisées qui créent de la valeur. Il a aussi appelé à donner plus d’importance à la bourse tunisienne, car le chiffre d’affaire de plusiuers PME est nul, ce qui va faire chuter le prix des actions. Et s’il y avait une grande baisse du prix de ces dernières, l’achat augmenterait…
Concernant le marché international, Bellalah a expliqué que le prix du baril qui a chuté ne veut pas dire que celui du carburant va baisser. Il s’agit du prix du contrat à terme sur le pétrole brut qui est devenu négatif et cela n’a rien à voir avec nos consommations quotidiennes, a-t-il clarifié. « Ce sont les investisseurs qui vont en profiter pour traiter avec des prix actuels, prédéfinis à l’avance pour des livraisons dans une date future »…
Emna Bhira