Les Etats-Unis comptent autoriser les vaccins Pfizer et Moderna, la 1ère quinzaine de décembre

17-11-2020

AFP – La perspective de premières vaccinations contre le Covid-19 aux Etats-Unis d’ici la fin de l’année se concrétise : après Pfizer/BioNTech la semaine dernière, la société de biotechnologie américaine Moderna a annoncé lundi que son vaccin était efficace à 94,5%.

Les deux vaccins pourraient être autorisés par l’Agence américaine des médicaments (FDA) dans la première quinzaine de décembre, a dit lundi Moncef Slaoui, responsable scientifique de l’opération Warp Speed, montée par le président Donald Trump pour vacciner la population américaine.

Cela permettrait de vacciner 20 millions d’Américains, en priorité sans doute les plus âgés et à risque, dès la seconde quinzaine de décembre, selon lui, puis 25 millions de personnes par mois à partir de janvier, a-t-il dit sur la chaîne MSNBC.

Il s’attend aussi à ce que le vaccin de Johnson & Johnson, en une seule dose, donne des résultats dans la seconde moitié de janvier, ce qui ouvrirait la voie à une autorisation dans la seconde quinzaine de février. Sans compter l’autorisation possible d’un quatrième en phase avancée d’essais, AstraZeneca/Oxford.

Au total, les Etats-Unis estiment qu’avec plusieurs vaccins, il y aura assez de doses d’ici début avril pour toute la population.
Quant à l’Europe, des responsables ont indiqué possible de commencer des vaccinations en janvier, sous réserve d’autorisation.

Des deux côtés de l’Atlantique, il faudra sans doute attendre l’été 2021 pour un retour à la normale, avec une proportion élevée de la population vaccinée.

Le résultat de Moderna signifie que le risque de tomber malade du Covid-19 a été réduit de 94,5% entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30.000 personnes aux Etats-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas: en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé le Covid-19, contre 5 dans le groupe vacciné.

Dr Fauci salue l’annonce d’un vaccin efficace à 95%

« Incroyablement impressionnante »: l’immunologue Anthony Fauci, figure très respectée aux Etats-Unis, a salué lundi l’annonce par la société américaine Moderna d’un vaccin efficace à près de 95% contre le Covid-19.

« Je dois admettre que j’aurais été satisfait d’un taux d’efficacité de 70% ou tout au plus de 75% », a déclaré à l’AFP le Dr Fauci.

« L’idée d’avoir un vaccin efficace à 94,5% est incroyablement impressionnante », a-t-il poursuivi. « C’est un résultat vraiment saisissant, je pense que personne ne s’attendait à ce qu’il soit si bon ».

Le Dr Fauci est le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses (NIAID), qui a commencé à codévelopper le vaccin dès janvier, peu après que les autorités chinoises eurent communiqué la séquence génétique du nouveau coronavirus.

Le vaccin s’appuie sur une nouvelle technologie, l’ARN messager, consistant à insérer des instructions génétiques dans l’organisme pour déclencher la production d’une protéine identique à celle du coronavirus (sa pointe si reconnaissable), et provoquer une réponse immunitaire.

« Beaucoup de gens avaient des réserves » face à cette méthode « qui n’avait pas encore été testée et éprouvée », note le Dr Fauci. « Certains nous ont même critiqués pour cela ».

Le résultat de Moderna signifie que le risque de tomber malade du Covid-19 a été réduit de 94,5% entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30.000 personnes aux Etats-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas: en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé le Covid-19, contre 5 dans le groupe vacciné.

« Nous avons eu onze cas graves, aucun dans le groupe vacciné et onze dans le groupe placebo. Alors cela tranche la question de savoir si (le vaccin) sert à prévenir les formes graves de la maladie. C’est incontestablement le cas », poursuit le Dr Fauci.

On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera. Le Dr Fauci se dit « certain » que cette durée sera significative, mais « on ne sait pas si ce sera un an, deux ans, trois ans, cinq ans, on ne sait pas ».

Cependant, si le niveau d’efficacité était le même dans la population générale que dans l’essai clinique, ce serait l’un des vaccins les plus efficaces qui existent, comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97% en deux doses, et bien meilleur que contre la grippe (19 à 60% ces dernières années), selon les Centres américains de lutte contre les maladies (CDC).

L’alliance Pfizer/BioNTech avait déjà annoncé la semaine dernière un vaccin à 90% efficace contre le Covid-19 s’appuyant également sur l’ARN messager, technologie qui n’avait jusqu’à présent pas fait ses preuves. De quoi entériner, selon Anthony Fauci, sa viabilité.

« Les données parlent d’elles-mêmes », avance-t-il. « Je pense que quand vous avez deux vaccins comme ceux-ci qui ont prouvé être efficaces à plus de 90%, l’ARN messager est là et bien là, il n’a plus à faire ses preuves ».

« Il reste encore beaucoup de chemin à faire », met cependant en garde le spécialiste, inquiet notamment du nombre de gens réfractaires aux vaccins aux Etats-Unis, pays le plus touché en valeur absolue par la pandémie de Covid-19.

« Le sentiment anti-vaccin est important dans ce pays. Il faut pouvoir le surmonter et convaincre la population de se faire vacciner car un vaccin hautement efficace est inutile si personne n’est vacciné ».