Les migrants africains en Tunisie : Une force de production qui devrait être structurée

04-07-2019

«L’UGTT organisera syndicalement les milliers de travailleurs migrants grâce à des cartes d’adhésion symboliques», a déclaré le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, lors de la 5ème assemblée générale du réseau syndical migrations méditerranéennes subsahariennes, tenue à Tunis le mercredi 3 juillet.
« Ces milliers de migrants travaillant en Tunisie, représentent une force de production dans les secteurs de la construction, l’agriculture, et les services. « L’UGTT tient à leur assurer les mêmes droits légaux, avec leurs homologues tunisiens ».

Par ailleurs, Taboubi a insisté sur les objectifs du réseau syndical des migrations qui vise le renforcement des relations de coopération et de solidarité avec les syndicats des deux rives de la méditerranée, en plus des syndicats des pays subsahariens, sur le continent africain ou autre.

« Ces trois zones territoriales vivent actuellement de profondes crises à cause de la mauvaise gouvernance des flux migratoires sud-sud, nord-nord, en alimentant ainsi les sentiments de haine, de racisme et de discrimination », explique-t-il.

« La migration irrégulière a engendré une montée de haine, a entrainé le pays dans une crise sociale, et a surtout faussé l’opinion publique, en propageant que la migration menace la sécurité nationale, détruit la cohésion sociale, diminue les opportunités de travail, en plus de ses conséquences sur les valeurs religieuses, culturelles, et les principes de la démocratie ».

« La cause de la migration a été dépourvue de sa dimension économique et sociale, pour qu’elle soit classée parmi les questions sécuritaires, de la traite des humains et le crime organisé, et la problématique des réfugiés », déplore-t-il.

« Le dossier de la migration représente un des sujets les plus importants dans le dialogue euro-méditerranéen, avec sa dimension sociale, son contenu économique, et son poids politique », a souligné le président de l’UTICA, Samir Majoul.

Il a aussi expliqué, que « l’inclusion de la main d’œuvre expatriée dans les mêmes normes de travail, appliquées à leurs homologues tunisiens, est primordiale l’intégration des migrants travailleurs, fondée sur l’égalité et la non-discrimination dans l’emploi ».

En revanche, Majoul a indiqué que : « la nature des flux migratoires a désormais changé. Ils comptent trois nouvelles catégories de populations migrantes ».

« La première catégorie inclut les flux migratoires de populations entrantes, provenant des pays subsahariens ».

Selon lui, « cette première catégorie offre aux compétences tunisiennes d’importantes opportunités pour bénéficier d’une offre de travail adaptée à des secteurs divers, comme la construction, les travaux publics, l’agriculture, et les services ».

Il s’en ajoute, « le phénomène de la fuite des cerveaux qui s’amplifie dans de nombreux domaines scientifiques, notamment la santé publique et l’enseignement supérieur ».

« Ce phénomène constitue une véritable inquiétude pour les entreprises, mais aussi pour les services publics, particulièrement dans les domaines de la santé publique, et de l’enseignement supérieur », explique-t-il.
Quant à la troisième catégorie des flux migratoires, elle concerne « le mouvement de migration clandestine, en particulier dans le cadre de la migration de transit, avec tout ce qu’elle provoque de tragédies et de catastrophes humanitaires, et ce qu’elle pose comme problèmes sécuritaires ».

Dans ce contexte, Majoul a suggéré que la stratégie de l’Etat sur les migrations, « adopte de nouveaux mécanismes en termes de gouvernance et de réactivité, tout en respectant les normes internationales de travail ».

Il aussi recommandé « une ouverture sur une migration d’accueil, répondant aux besoins de notre économie. Selon lui, c’est une nécessité pour pouvoir réglementer et maitriser les flux migratoires entrant, et aussi pour faire de la migration un levier de croissance et de bien-être social à travers des voies légales ».

Il a appelé également, à « la mise en place, de systèmes souples d’autorisation, de permis de séjour et de travail, à côté d’une communication directe avec les agences d’emploi publiques et privées respectant la loi et les normes du pays ».

« La Tunisie est pionnière, en matière de lutte contre la traite, grâce à la loi adoptée en 2016 », a souligné la représentante du système des Nations Unies en Tunisie.

En 2015, 217 pays dont la Tunisie, ont adopté les 17 objectifs des nations unies pour le développement durable de l’agenda 2030, dont 11 objectifs sont liés directement à la migration. «notamment, l’objectif 16, par lequel les migrants auront les moyens et la faveur de la pleine intégration sociale. Et aussi l’objectif 17, sur l’élimination de toute forme de discrimination en encourageant un débat public, fondé sur l’analyse des faits afin de faire évoluer les manières dont les migrations sont perçues ».

Emna Bhira