Coronavirus : Les Tunisiens craignent une deuxième vague et pointent un relâchement général

17-08-2020

Le dernier bilan des contaminations au Covid-19 en Tunisie fait état de 2107 cas depuis le début de la crise sanitaire. Si il y a encore quelques semaine, le pays semblait avoir gagné la bataille contre le virus, aujourd’hui la situation est de plus en plus critique. L’augmentation importante chaque jour du nombre de personnes contaminées est sans précédent, même en plein confinement, et fait craindre le pire. Les autorités sanitaires commencent à parler d’une deuxième poussée épidémique.

Pourtant dans la rue, la vie semble poursuivre son cours. Les Tunisiens se rendent-ils compte du danger ? Usent-ils encore des gestes barrière? Nous avons tenté de prendre le pouls de la population en nous rendant sur l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis.

En cette période estivale, de congés et qui plus est de soldes, la principale artère de la capitale est bondée en ce lundi matin.

S’il y a encore quelques semaines, le port du masque n’était plus vraiment de rigueur chez les Tunisiens, aujourd’hui il revient en force. En effet, ils sont de plus en plus nombreux à user de des gestes barrières.

Nous rencontrons une femme d’une cinquantaine d’années qui porte un masque malgré une chaleur presque insupportable. « Bien sur que j’ai peur. En plus du masque j’ai deux bouteilles de gel hydroalcoolique dans mon sac », nous confie-t-elle. Travaillant dans le corps médical, elle ne cache pas sa colère vis-à-vis des personnes qui ne montrent pas l’exemple. « Je suis choquée de voir que la police par exemple ne porte pas de masque ! », déplore-t-elle.

La réouverture des frontières survenue le 27 juin dernier a permis pour le moment à des Tunisiens et des touristes d’accéder au territoire national. Malgré des mesures préventives en fonction des pays de provenance, de nombreux cas ont été importés depuis la reprise du trafic aérien. Une contamination verticale qui est très vite devenue horizontale avec une recrudescences de cas locaux.

Pour toutes les personnes que nous avons interrogées, l’augmentation du nombre de malades est dû principalement à l’arrivée des étrangers. Une jeune fille, propose même la fermeture des frontières et des aéroports. Une situation qui pourrait plonger le pays dans une situation économique encore plus critique aux vues d’une saison touristique déjà bien morose.

Autre cause mentionnée par les Tunisiens interviewés, le laxisme aussi bien au niveau des citoyens que de l’Etat. « Il y a eu un relâchement intolérable! Ils faut que les gens respectent les gestes barrières. Masque, gants, distanciation », nous dit cette autre femme, qui elle-même ne porte pas de masque. Un paradoxe que nous avons pu constater dans de nombreux endroits.

En effet, dans la plupart des centres commerciaux couverts, le port du masque est redevenu obligatoire. Pourtant, il suffit de passer les agents de sécurité pour constater que les gens ne le gardent pas une fois entrés. A quoi sert donc d’imposer le port du masque à l’entrée si c’est pour le retirer une fois à l’intérieur ?

Un homme retraité déplore le laxisme de l’Etat face à la situation épidémiologique. « Je suis pour le port du masque obligatoire partout, y compris dans les rues. Il faut également interdire les rassemblements, tels que les mariages et autres festivals », explique-t-il.

Mais il y a une question sur laquelle tout le monde est unanime. Celle du retour à un éventuel confinement. Une idée à laquelle tout le monde n’est pas favorable. En effet, l’arrêt une nouvelle fois de l’économie signerait probablement la faillite de la Tunisie. Les deux mois qui sont passés en isolement ont fait beaucoup de mal aux Tunisiens. Encore aujourd’hui, ils sont encore nombreux à en payer les frais, puisque les licenciements économiques n’ont pas cessé depuis la sortie progressif u confinement en mai dernier.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus, notre micro-trottoir consacré à l’épidémie du Coronavirus en Tunisie.

Wissal Ayadi

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Sherlock Homss

Si on veut encourager le port du masque, il faut avant tout contrôler son prix unitaire. Des masques (jetables) qui se vendaient au début de la pandémie à 0,500 Dt. sont proposés dans les officines de pharmacie de 1,300 à 2,000 Dinars. Ne parlons pas des « réutilisables », où les prix les plus fantaisistes sont pratiqués. Alors, imaginons quel effort financier notre citoyen « lambda », plus fauché en moyenne qu’avant la pandemie, doit faire si il a, à sa charge, un famille nombreuse à sa charge.