Libye : Najla al-Mangoush suspendue par le Conseil présidentiel, Dbeibah en prend la défense

08-11-2021
Naja - Mangoush

AFP – Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a défendu dimanche sa cheffe de la diplomatie suspendue et interdite de voyager, des mesures illustrant les tensions croissantes au sein du pouvoir intérimaire à l’approche d’élections cruciales.

Samedi, le Conseil présidentiel (CP) a annoncé la suspension de la ministre des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, avec interdiction de quitter le territoire, d’ici à la remise sous 14 jours d’un rapport sur des «irrégularités administratives» qu’elle aurait commises.

Une commission d’enquête doit vérifier si elle n’a pas pris «des décisions d’ordre politique sans consulter» le CP, l’organe présidentiel libyen.

La réaction de Abdelhamid Dbeibah ne s’est pas fait attendre. «La nomination, le limogeage, la suspension ou la mise en examen d’un membre de l’Exécutif, (…) relèvent des prérogatives exclusives du Premier ministre», a-t-il affirmé dans un communiqué.

Les mesures à l’encontre de Najla al-Mangoush ont été décidées par le CP à quelques jours de la tenue le 12 novembre à Paris d’une conférence internationale sur la Libye qui discutera de l’élection présidentielle, la toute première au suffrage universel prévue le 24 décembre, devant être suivie un mois plus tard par des législatives.

Le Premier ministre a donné instruction à Najla al-Mangoush d’ignorer la suspension, de «poursuivre son action» et a réitéré «son appréciation» pour ses efforts dans l’exercice de ses fonctions. Abdelhamid Dbeibah lui-même est resté en poste et a présidé le 21 octobre une conférence internationale à Tripoli, alors qu’il avait été en théorie destitué par le vote d’une motion de censure du Parlement le 21 septembre.

Appelant les différents pouvoirs «à respecter la procédure», le Premier ministre leur a demandé d’éviter les «conflits d’intérêts» et les «obstacles» à l’action gouvernementale dans cette «phase critique». Le CP, formé de trois membres représentant les trois régions de Libye, a été mis en place en février par un processus politique parrainé par l’ONU, en même temps que le gouvernement Dbeibah.

Les deux instances sont chargées de préparer les élections générales censées mettre fin à la décennie de chaos qui a suivi la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte populaire.

Si aucune précision n’a été donnée sur les faits reprochés à Najla al-Mangoush, des médias locaux ont fait le lien avec un entretien accordé à la BBC il y a quelques jours où elle affirmait que Tripoli serait «prête à coopérer avec les États-Unis» pour l’extradition d’un suspect dans l’affaire de l’attentat à la bombe en 1988 contre un Boeing 747 de la Pan Am qui a explosé au-dessus de Lockerbie en Écosse (270 morts, dont 190 Américains).