L’Union européenne enclenche une révision de son accord d’association avec Israël sur fond d’offensive à Gaza

L’Union européenne a décidé de réexaminer en profondeur son accord d’association avec Israël, un pacte structurant les relations commerciales et diplomatiques entre les deux parties, en raison de l’escalade militaire dans la bande de Gaza et du maintien d’un blocus humanitaire depuis plus de deux mois.
La décision a été prise mardi 20 mai, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, au cours de laquelle 17 des 27 États membres ont soutenu la proposition de Caspar Veldkamp, haut représentant de la diplomatie européenne, présentée plus tôt ce mois-ci.
Ce réexamen portera spécifiquement sur l’article 2 de l’accord d’association UE-Israël, qui stipule que les relations bilatérales doivent être fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, éléments constitutifs du partenariat.
« Une majorité claire s’est dégagée aujourd’hui en faveur d’un réexamen de l’article 2 de notre accord avec Israël », a déclaré Kaja Kallas, actuelle cheffe de la diplomatie européenne, lors d’une conférence de presse à Bruxelles. « Ce processus sera engagé dans les prochains jours. Entre-temps, il revient à Israël de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. »
La pression sur Tel-Aviv s’intensifie alors que plusieurs États membres dénoncent la gravité de la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne. Lundi 19 mai, les Pays-Bas – pourtant traditionnellement alliés d’Israël – ont qualifié le blocus de Gaza de « violation du droit humanitaire international », le jugeant incompatible avec les obligations prévues par l’accord d’association.
Avant la réunion, neuf pays — Belgique, Finlande, France, Irlande, Luxembourg, Portugal, Slovénie, Espagne et Suède — avaient déjà exprimé leur soutien à une révision. Mardi, l’Autriche, le Danemark, l’Estonie, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ont rejoint cet appel.
En revanche, neuf États — Bulgarie, Croatie, Chypre, République tchèque, Allemagne, Grèce, Hongrie, Italie et Lituanie — s’y sont opposés, tandis que la Lettonie s’est abstenue, selon des sources diplomatiques.
Ce débat s’inscrit dans un contexte de tensions internes au sein de l’UE concernant la position à adopter face à Israël. Il y a quinze mois, l’Irlande et l’Espagne avaient déjà tenté de relancer le débat en interpellant Ursula von der Leyen, sans obtenir de réponse ni de soutien suffisant à l’époque.
Parallèlement à cette révision, une autre proposition visant à imposer des sanctions ciblées contre les colons israéliens impliqués dans des violences en Cisjordanie a reçu l’aval de 26 États membres. La Hongrie a opposé son veto, bloquant son adoption.
Enfin, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Maria Malmer Stenergard, a suggéré que des sanctions contre certains membres du gouvernement israélien soient envisagées dans un futur proche.
Avec un volume d’échanges commerciaux de plus de 45 milliards d’euros par an, l’Union européenne reste le premier partenaire économique d’Israël. La remise en question de cet accord pourrait donc représenter un tournant diplomatique majeur dans les relations entre Bruxelles et Tel-Aviv.
Gnetnews