Municipales : L’AKP perd Ankara, et risque de perdre Istanbul

01-04-2019

AFP – Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son parti ont subi un cinglant camouflet aux élections locales de dimanche, perdant la capitale Ankara et risquant une défaite à Istanbul, le poumon économique du pays, selon les résultats partiels.
Ce scrutin était un test pour M. Erdogan qui a jeté toutes ses forces dans la bataille pour éviter un vote sanction contre son parti, l’AKP, alors que le pays traverse une tempête économique avec notamment une inflation et un chômage élevés.

D’après l’agence de presse étatique Anadolu, le candidat commun des partis d’opposition CHP (social-démocrate) et Iyi (droite), Mansur Yavas, a remporté Ankara avec 50,9 % des voix contre 47 % pour le candidat de l’AKP Mehmet Özhaseki, après dépouillement de 99 % des urnes.

Haranguant ses partisans dans la capitale, M. Yavas a proclamé sa victoire sans attendre la fin du dépouillement, soulignant « une victoire de la démocratie ».

Cette défaite dans la capitale politique du pays où il s’est fait construire un gigantesque palais présidentiel représente un revers inédit pour M. Erdogan, qui a remporté toutes les élections depuis l’arrivée au pouvoir de son parti, l’AKP, en 2002.

Comme Istanbul, Ankara était contrôlée depuis 25 ans par le parti de M. Erdogan et les formations islamistes qui l’ont précédé.
À Istanbul, cœur économique et démographique du pays, le candidat de M. Erdogan, l’ex-premier ministre Binali Yildirim, et son rival Ekrem Imamoglu ont tous les deux revendiqué la victoire, mais les résultats partiels les montraient au coude-à-coude après dépouillement de 98 % des bulletins.

Semblant envisager une possible défaite à Istanbul, M. Erdogan a déclaré que l’AKP contrôlerait de toute façon la majorité des districts de la ville même si l’opposition s’emparait de la municipalité.

La perte d’Ankara « assène un coup énorme à Erdogan et son système hyperprésidentiel », a estimé Berk Esen, professeur associé à l’université Bilkent, à Ankara.