Tunisie : Points forts du discours d’investiture de Kaïs Saïed à l’Assemblée
Kaïs Saïed a prêté serment ce mercredi 23 octobre lors d’une plénière extraordinaire, devenant ainsi le président de la république tunisienne, pour un mandat de cinq ans.
Devant un hémicycle bondé, en présence du ban et de l’arrière-ban de Tunis, le chef de l’Etat a prononcé un long discours d’investiture où il a adressé plusieurs messages au « Grand peuple tunisien », à la classe politique mais aussi aux pays étrangers.
La Tunisie passe « d’un Etat de droit à une société de droit »
Saïed a qualifié son élection comme « une révolution » selon une nouvelle acception, de nouveaux outils et de nouveaux concepts. « Ce qui s’est produit est une révolution avec les mécanismes de la légalité, voire une révolution culturelle sans précédent », a-t-il souligné dans le style docte qui lui est coutumier. « Cette révolution culturelle n’est pas véhiculée dans les livres ou les tracts, il s’agit d’une nouvelle conscience qui a éclaté après une sérénité apparente et une longue attente ».
Il a par ailleurs considéré son accession à la magistrature suprême, comme un changement du cours de l’histoire, dont le peuple était capable, préconisant que le modèle tunisien donnera lieu à « la révision de plusieurs concepts inscrits dans la pensée politique depuis des décennies ».
Le nouveau locataire de Carthage a réaffirmé que son élection est « un dépôt » que lui a consigné le peuple et qu’il se doit d’en être digne et garant, signalant que la Tunisie est passé « d’un Etat de droit à une société de droit ».
« Dépôt pour répondre aux besoins du peuple pour la liberté et la dignité qu’il a longuement attendus ; pour préserver l’Etat où les Tunisiens et les Tunisiennes devront être traités sur un pied d’égalité, et où les services publics devront observer la règle d’impartialité et être en dehors des calculs politiques », comparant de tels calculs à « des insectes dans les fruits, ne pouvant mener qu’au pourrissement ».
Le dépôt renvient aussi, à ses yeux, à l’engagement de préserver les acquis et les richesses de la communauté nationale, faisant valoir le principe d’exemplarité, « chacun doit être un exemple pour faire en sorte qu’aucun millime ne soit extorqué de la sueur de ce peuple ».
Saïed a prôné l’union sacrée pour lutter contre le terrorisme, et en éradiquer toutes les causes. « Une seule balle d’un terroriste, sera contrée par une slave de balles, d’un nombre incalculable », a-t-il dit.
Il a de surcroît considéré « les gémissements des pauvres et des démunis, et le sourire du bébé dans son berceau », comme un dépôt, s’engageant à assumer toutes ses responsabilités avec sincérité et abnégation.
Saïed a plaidé pour le respect de la loi. « Il n’y a pas lieu que quiconque travaille en dehors du cadre de la loi », a-t-il prévenu, réitérant le caractère irréversible de la liberté que le peuple tunisien a chèrement payé, et que personne ne sera capable de le lui extorquer sous quelque prétexte que ce soit. « Celui qui est nostalgique à un retour en arrière court derrière un mirage et est à contre-sens du cours de l’histoire ».
Il s’est également engagé pour la préservation des droits de la femme, et leur consolidation notamment ses droits économiques et sociaux.
Les organisations nationales « Force de proposition »
Le président de la république a rendu hommage aux organisations nationales dont « le patriotisme des membre ne peut en aucun cas être mis en doute », faisant valoir leur rôle de « force de proposition », qui sont en mesure « de suggérer des solutions et d’ouvrir des horizons pour surmonter toutes les crises ».
Il a réitéré la détermination du peuple tunisien à consentir des sacrifices en faisant don d’un jour de travail tous les mois, pendant cinq ans, pour renflouer les caisses de l’Etat et se débarrasser de l’endettement.
Il a tenu à rassurer l’étranger que « l’Etat tunisien respecte ses engagements internationaux, tout en souhaitant les développer dans l’intérêt du peuple tunisien et de celui de toutes les parties ».
Il a prôné « l’entente entre les peuples qui est plus importante que tous les traités », soulignant que « le prolongement naturel de la Tunisie est le Maghreb arabe, l’Afrique, le monde arabe, et la rive Nord de la Méditerranée, ainsi qu’avec tous ceux avec qui nous partageons les mêmes aspirations à travers le monde ».
La Tunisie défendra toutes les causes justes, en prime la cause palestinienne, a-t-il affirmé, soulignant que le droit palestinien est imprescriptible. « La Palestine n’est pas un lot de terrain inscrit auprès des services fonciers, c’est une cause inscrite dans la conscience des Tunisiens, ce qui est ancrée dans le cœur ne peut être extirpé, quels qu’en soient les deals et les puissances, » a-t-il tempêté, en allusion au deal du siècle.
Le nouveau président a tenu à préciser que « cette position n’est pas contre les Juifs, mais contre l’occupation et le racisme ». « Il est temps que l’humanité mette fin à cette injustice qui se poursuit depuis plus d’un siècle », a-t-il appelé, plaidant pour « un monde nouveau où transcendera la dimension humaine. »
Il a reconnu que « les défis sont grands et les responsabilités immenses », se disant confiant de l’obstination de notre peuple à franchir tous les obstacles.
Kaïs Saïed a affirmé que la première responsabilité lui incombe, en tant que « symbole de l’unité de l’Etat, son indépendance, garant de la constitution » ; « le président doit être fédérateur et au-dessus de tous les conflits étriqués et occasionnels », a-t-il souligné, prônant « une nouvelle relation de confiance entre les gouvernants et les gouvernés », comme l’appellent de leurs vœux les Tunisiens, qui sont las de vivre l’injustice et l’iniquité.
Gnetnews
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