Tunisie : Proposition d’un projet de loi pour imposer la parité dans les postes de décision partisans !
En 2017, l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) adoptait le principe de parité verticale et horizontale en vue des élections municipales et législatives. L’objectif étant de faire en sorte que les femmes soient représentées de manière équitable dans la vie politique du pays. Cette loi a imposé aux différents partis politiques d’avoir autant de femmes que d’hommes sur leur listes. Cependant, le principal problème demeure dans la représentation des femmes au sein même des structures nationales des partis. C’est l’objet d’une étude réalisée par l’association Tounissiet en juillet dernier. Les résultats de celle-ci ont été présentés ce vendredi 14 août à Tunis.
L’étude porte spécifiquement sur la présence des femmes dans les structures de direction centrale des partis politiques. En effet, il a été relevé que la gente féminine souffre d’un manque de visibilité dans les postes de responsabilité des partis. « Nous avons choisi un titre un peu provocateur puisqu’il s’agit de la participation de la femme, mais aussi du fait de faire représenter la femmes dans les partis », précise Mohamed Ouatiel Dhraief, directeur de l’étude et professeur de droit constitutionnel.Â
L’étude a été réalisée sous forme de 3 questionnaires. D’abord à destination des députés de l’ARP. Ainsi, 45 députés ont répondu. Puis le questionnaire a été élargi aux membres de partis politiques qui a permis de récolter 101 réponses. Et enfin, le dernier questionnaire a été présenté à tous les partis politiques officiels. Seuls 9 formations ont bien voulu participer à la rédaction de cette étude, dont sept représentés au Parlement. Il s’agissait essentiellement de savoir combien il y a de femme au sein des partis, combien de fois le mot femme est-il présent dans les documents qui régissent le parti ou s’il y a l’approche genre dans le parti.
L’étude a relevé que la femme n’est pas bien représentée dans les structures centrales des partis politiques. « C’est le cas d’un point de vue de politiques publiques et de politiques partisanes », déplore le chercheur.
Il a été relevé que seule 1% de femmes se trouvent dans des postes de responsabilité au sein des partis politiques et seules 2 femmes sont à la tête de partis politiques en Tunisie.
L’étude a montré que les principales causes de ce phénomène viennent d’abord du fait que culturellement le microcosme politique est avant tout masculin. Ainsi, il a été relevé que de nombreux hommes ont du mal à faire confiance aux femmes.
« De leur côté, les femmes ont toujours laissé faire et elles n’ont jamais pu vraiment s’imposer », affirme le chercheur.
Par ailleurs, l’étude a également montré que la difficultés pour les femmes a intégrer des postes dans les instances nationales des partis vient du fait qu’il est difficile pour elles de concilier vie familiale et politique.
Il y a également des partis qui utilisent la parité en façade seulement. « L’approche genre est prévu dans leur texte et règlement intérieur, mais les quotas n’ont pas été fixés. Donc dans les faits, ils font ce qu’ils veulent », explique le professeur.
« Le problème vient du fait de l’absence d’un cadre législatif clair pour les partis politiques qui garantit la présence des femmes dans les postes a responsabilité », souligne Monia Mzig, présidente de l’association Tounissiet,
Ainsi, l’association Tounissiet propose à l’issue de cette étude la rédaction d’un « Policy paper » qui propose un projet de loi pour imposer un quota de femmes dans les directions politiques des partis.
Mais ici se pose une question de liberté des partis. En effet, il est difficile d’imposer aux formations politiques d’avoir un quota de femme précis dans leur direction. « Il faut trouver les justifications pour argumenter les alternatives », nous dit Mohamed Outaiel Dhrayef. « Il est possible d’imposer légalement la parité en s’appuyant sur la Constitution ». En effet, la constitution qui est le texte suprême, encourage à la parité mais ne l’impose pas. « Au cas où le projet de loi est examiné, il faudra s’attendre à un long combat juridique », affirme Dhrayef.
Désespérées par le manque d’espace au sein des partis, les femmes sont de moins en moins nombreux à vouloir intégrer la vie politique tunisienne. Il y a donc urgence à imposer des quotas afin de garantir la parité si nous ne voulons pas voir dans l’avenir une classe politique entièrement régie par des hommes.
Wissal Ayadi
C’est pas le dernier discours du Président sur l’héritage des femmes qui va inciter les partis, toutes tendances confondues, et c’est ça qui est le plus triste, de faire le « ménage » et imposer la parité hommes-femmes dans leurs instances.
Il faudrait pour cela que le Premier Ministre donne l’exemple et propose un gouvernement où la parité serait le plus possible respectée. Ça sera un premier signe « d’indépendance » sur les « tendances rétrogrades » du moment.