Rentrée scolaire : La flambée des prix, et le coronavirus éreintent les parents

04-09-2020

J-10 avant la rentrée scolaire… Le fameux compte-à-rebours a commencé pour les parents mais aussi pour les enfants. Cartables, stylos, livres, cahiers…tout doit être prêt pour le 15 septembre prochain. Chaque année, le budget consacré à la rentrée scolaire augmente. Même pour les classes moyennes, cette période devient de plus en plus difficile à gérer. De plus la crise du Covid-19 a laissé des séquelles chez de nombreux Tunisiens. Ajouté à cela, les vacances d’été et les fêtes de l’Aïd, difficile donc de laisser des sous de côté pour assurer la rentrée. Afin de se rendre compte de cette situation, nous nous sommes rendus dans des librairies et supermarchés. Quels sont les prix ? Ont-ils augmenté ou diminué ? Les Tunisiens auront-ils les moyens de financer cette rentrée pas comme les autres ?

Des cartables qui frôlent les 300 dinars

La rentrée scolaire est devenue une dure épreuve pour la majorité des parents. Pour certaines enseignes et grandes surfaces, il s’agit d’une opportunité pour majorer les prix.

Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour dans les librairies du Grand-Tunis, où les étiquettes affichent des tarifs fantaisistes, comme ces cartables à roulette  dont le prix varie entre 150 et 290 dinars. Le coût des sacs à dos de marques étrangères qui envahissent le marché, dédiés aux collégiens et lycéens se vendent même à 790 dinars. Les cahiers à spirales sont entre 4 et 16 dinars, tout dépend de sa dimension, son design et de sa marque. Les blocs-notes se vendent à 6 dinars allant jusqu’à 15 dinars et plus.  Les moins chers sont les cahiers basiques (feuillets) et carnets.

Etonnés face à cette flambée des tarifs, nous avons tenté d’obtenir la réponse de la responsable d’une librairie de renommée du quartier d’Ennasr (Ariana). Une région plutôt huppée de la capitale.

Cette libraire nous a dévoilés que même les marques locales ont augmenté leurs prix, car la fabrication de leurs produits se fait à l’étranger. Selon elle, « le marché propose des articles de toute sorte, dont le coût convient au pouvoir d’achat de la plupart des habitants du quartier, mais également à toutes les bourses. Chacun peut facilement trouver son bonheur, à condition qu’il ne dépasse pas ses moyens… ».

Du côté des consommateurs, la rentrée semble être devenue un luxe. A cet égard, une femme de ménage interpellée à ce sujet, mère de trois enfants en école primaire, nous indique qu’elle peine à chaque rentrée scolaire pour assurer leurs besoins en fourniture. « Je compte sur l’aide de mes supérieurs et parfois sur les associations pour m’en sortir Â», nous confie-t-elle avec amertume.

Une autre maman nous a révélé qu’elle a pris la décision avec son mari de se priver des vacances d’été, afin de pouvoir laisser des économies de côté pour assurer la rentrée. « Avec les frais d’inscription de nos deux enfants dans des écoles privées, la charge est devenue lourde, notamment avec la hausse du coût de la vie en général… Â», ajoute-t-elle.

Cahiers compensés

Les cahiers subventionnés ont augmenté de 20% cette année, comme nous l’a confirmée la libraire.

« A cause de la crise économique engendrée par le coronavirus, le centre national pédagogique (CNP) a décidé de modifier ses tarifs inchangés depuis 2012. »

D’autre part, le problème avec ces cahiers subventionnés, c’est que les clients en achètent des stocks de peur d’une pénurie ou d’un changement des prix, alors que ces articles  sont livrés en petites quantités. Ces derniers ne laissent rien aux personnes dans le besoin… », a-t-elle commenté.

Gnetnews s’est rendu dans les grandes surfaces pour comparer cette hausse des prix. A notre surprise, la chute des tarifs y était remarquable.

Les coûts y sont largement plus raisonnables et accessibles, mais la qualité diffère. D’ailleurs le choix dans ces hyper-marchés est plus varié, et tout y est disponible.

Le prix des tabliers scolaires varie entre 10 et 30 dinars. Les cartables à roulette sont à 60 dinars et la fourniture y est de loin moins coûteuse.

La liste des fournitures revue à la baisse

A chaque rentrée, c’est le même rituel. Les parents se voient remettre par leurs enfants la liste des fournitures scolaire. Stylos de différentes couleurs, crayon de papier, taille-crayon, cahier grand-carreaux/petits carreaux, ciseaux, gomme, scotch, colle… c’est à s’y perdre tellement la liste est exhaustive.

D’après la libraire que nous avons rencontrée, en cette rentrée 2020, de nombreux parents se sont plaints auprès des établissements où ils ont inscrit leurs enfants en leur rappelant que les fournitures de l’année passée n’avaient pas été utilisées à cause l’arrêt brutal de l’école à raison du confinement. « Il y a beaucoup d’établissements qui ont décidé de revoir à la baisse la liste des fournitures pour cette année », nous confie la commerçante.

En effet, si les années passées, la facture de ces fourniture atteignait environ 300dt par enfant, pour cette rentrée elle ne devrait pas dépasser les 200dt. 

D’autres parents se sont rendus à l’évidence et ont préféré opter pour les bonnes affaires, en se limitant aux articles à bas prix qui se vendent dans les petites librairies des quartiers populaires. Chacun sa méthode pour surmonter cette épreuve de la rentrée scolaire…

C’est donc dans une atmosphère particulière que les enfants feront leur rentrée dans 10 jours. Au delà de l’achat des fournitures scolaires qui prend une part de plus en plus importante dans le budget des familles, il y a aussi la crainte des conditions sanitaires de cette rentrée pas comme les autres.

Avec l’augmentation quotidienne inquiétante du nombre de cas d’infection en Tunisie, c’est désormais la peur de la maladie qui a envahi les parents. 

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi