Reportage: Réouverture progressive et difficile des commerces du centre-ville de Tunis

07-05-2020

Voilà maintenant 4 jours que le déconfinement a démarré en Tunisie. D’après les gouvernement, il s’agirait plutôt d’un « confinement ciblé ». Cette décision permettrait une reprise à 50% de l’activité économique en attendant une deuxième phase, qui débutera le lundi 11 mai.

Nous nous sommes rendus au cœur de la capitale, Sur l’Avenue Habib Bourguiba, afin de voir les effets de ce déconfinement. Si il y a quelques semaines, cette artère principale était presque déserte, aujourd’hui il semble que la vie ait repris doucement son cours.

Il y a de plus en plus de monde dans les rues, certains commerces ont pu relever leur rideaux, et la chaleur exceptionnelle de ces derniers jours a attiré la population dehors après 6 semaines d’isolement.

Autre indicateur que les choses semblent revenir « à la normale », la circulation. Les embouteillages ont fait leur retour, surtout au niveau de la Porte de France, pour rejoindre le quartier de Bab Dzira.

Vendeurs de tissus, bazars, artisans… Ils étaient tous pressés de reprendre le travail. Mais à y regarder de plus prêt, les gestes barrières semblent encore difficiles à adopter. La distanciation sociale n’est pas vraiment respectée et le port du masque ne fait pas encore l’unanimité chez les Tunisiens.

Sous les arcades, les magasins de vêtement se préparent à la réouverture prévue pour le 11 mai. Les vitrines sont nettoyées et les mannequins ont revêtu les vêtements en vue de la fête de l’Aïd. En effet, le gouvernement a décidé de rouvrir les boutiques de prêt à porter à partir de ce lundi 11 mai, soit pour la deuxième moitié du mois sain de ramadan. Une opportunité pour ces commerçants, de « sauver les meubles », car il sera difficile de rattraper les pertes provoquées par le confinement total. « Cela fait 40 jours que nous avons fermé. Il est temps pour nous de retourner au travail, sinon nous courrons à la faillite », déplore un homme, visiblement content de nettoyer son magasin.

La tradition de l’achat des vêtements de l’Aïd sera donc maintenue. Si en temps normal, les prix ont tendance à grimper à l’approche de cette période, les commerçants gagneraient à faire preuve d’indulgence en cette période de crise sanitaire.

Plus loin, nous nous engouffrons dans les ruelles de la médina. Depuis plusieurs semaines, c’est une ambiance particulière qui règne dans le fameux souk. Les rideaux des petites boutiques de souvenirs et d’artisanat étaient restés baissés. Mais, depuis lundi, la vie économique semble peu à peu reprendre.

Mais en réalité, les clients sont rares. Et pour cause, le souk est étroitement lié à l’activité touristique. La fermeture des frontière et l’arrêt brutal de transport donnent un coup dur à ces vendeurs de souvenirs.

« On nous a dit que l’on pouvait retourner travailler à partir du 4 mai. Mais une brigade de police est passée toute à l’heure et m’a sommé de fermer mon commerce et d’attendre le lundi ! », lance un vendeur d’objets d’artisanat, brandissant à la main son autorisation pour ouvrir.

Les pâtisseries traditionnelles ont également pu rouvrir. C’est en cette période de ramadan qu’ils réalisent une grande partie de leur chiffre d’affaire annuel. « D’habitude le ramadan, nous le préparons 2 ou 3 mois à l’avance », nous explique l’un des propriétaire. Il ajoute qu’il est en plus difficile de trouver les matières premières comme la farine et la semoule. « Pour pouvoir travailler, je suis obligé d’acheter le sac de semoule au marché noir à 70dt le sac, alors qu’il en faut pas plus de 25t », déplore t-il.

Certains commerçants on décidé de braver l’interdit en ouvrant leurs magasins dès cette semaine, sans qu’aucun contrôle ne soit effectué.

Si au vu des chiffres, la Tunisie semble avoir maîtrisé la crise sanitaire, le pays doit s’attendre à entrer dans une autre guerre… celle d’une crise socio-économique sans précédent. Chômage, inflation, pauvreté, elle doit se tenir prête, car le cette épidémie laissera des séquelles qui seront longues à guérir.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus, plusieurs témoignages de commerçants.

Wissal Ayadi