Tunisie : Il y a bien une vie après la retraite, séniors et experts témoignent !

17-01-2022

Tous les ans, il y a des compétences, dont l’apport aurait été important, et l’expérience irremplaçable pour l’administration, entreprises publiques…qui partent à la retraite.

Comment meublent-ils leur temps, se dirigent-ils vers la société civile, les partis politiques, ou commencent-ils une nouvelle vie active, différente de la précédente en s’installant à leur propre compte, ou en se dirigeant vers le secteur privé.

La Tunisie est-elle en train de profiter de ses séniors et de faire profiter la jeune génération de leur expérience, ou sont-ils livrés à eux-mêmes ?

Des retraités et un sociologue, ont bien voulu répondre à ces questions…

En effet, la retraite, cette phase qui marque l’arrêt de l’activité professionnelle, est perçue par plusieurs fonctionnaires comme étant une période de repos et de retour vers soi, pour se libérer de leurs responsabilités…Contrairement à d’autres qui redoutent le stress, l’ennui et le sentiment d’être inutile, après tant d’années d’activité, d’évolution, et de succès…

Pour S.B, ancien haut cadre de l’Etat, qui a occupé d’importants postes de responsabilité, au niveau national et internationl, sa retraite était un coup fatal pour sa psychologie. « Alors que je suis habitué autrefois à voyager partout dans le monde, et à avoir une vie sociale enrichissante, des défis à surmonter et des objectifs à atteindre, je me suis retrouvé seul du jour au lendemain. Mon téléphone ne sonnait que rarement. Je me suis senti inutile, et désormais sans intérêt pour mon entourage. Ma vie est devenue morose », nous raconte  avec amertume, cet ancien diplomate.

D’après lui, ce sentiment n’a duré qu’un an, avant qu’il ne retrouve de nouveau son équilibre. « En reprenant contact avec des anciens collègues, je me suis créé une nouvelle vie, moins monotone. On sortait plus souvent pour faire du sport et échanger. Et, comme la géopolitique était mon seul hobby, j’ai réintégré un parti politique en tant que conseiller en communication. Ses dirigeants qui sont plus jeunes ont fait appel à mon expertise….J’étais honoré. Pendant mon temps libre, je lis aussi et j’écris des articles de presse, des interventions dans des séminaires scientifiques…Ce n’est plus la vie excitante que je menais autrefois, mais du moins, elle est plus satisfaisante comparée au début de ma retraite… ».

Houcine.F, un autre fonctionnaire étatique qui a pris sa retraite depuis 2011, nous a parlé de son quotidien. « Mon départ était un choc au début.  Moi qui occupais un poste managérial pendant 30 ans, et qui n’ai porté que des costumes et cravates toutes ces années, je me suis retrouvé du jour au lendemain dépourvu de mon pouvoir, qui me donnait de la valeur dans la société. C’était un coup dur pour moi », se souvient-il.

Actif depuis son jeune âge dans la vie politique également, il a choisi de rester en retrait depuis cette date. « En revanche, mes fils ont tenu à ce que je lance mon bureau de Consulting, qui collabore notamment avec le secteur privé en matière d’import-export. Au lieu de me relancer dans la politique, j’ai préféré rester dans l’ombre, et profiter de ma famille que j’ai sacrifié durant ces années, au profit du travail. Je me contente de mon rôle de grand père aussi..».

La retraite n’est pas facile à gérer pour les hommes comme pour les femmes.

Bahija,  une soixantaine d’années, ancienne sagefemme dans un hôpital public de la capitale, a choisi de reprendre son activité dans le secteur privé également. Bénéficiant d’une expérience de plus 30 ans, elle a été sollicitée par une université privée pour occuper le poste de chef des stages dans étudiants en santé. « Etant hyper active, et ne supportant pas l’oisiveté, j’ai tout de suite accepté l’offre, mais je travaille en mi-temps. C’était mon choix pour pouvoir gérer convenablement mes responsabilités en tant que mère de famille, chose qui n’était pas évidente quand je travaillais toute la semaine…», nous confie-t-elle.

La retraite, synonyme de nouveau départ

D’après Pr. Sami Nasr sociologue, la plupart des gens perçoivent négativement la période de la retraite, pourtant c’est une phase inévitable dans la vie des personnes actives professionnellement. « Déjà de son appellation, le mot retraite renvoie à des significations péjoratives, comme la mise en écart, le retrait, la réclusion…Mais cette perception négative provient aussi de la mentalité des Tunisiens, qui considèrent que la retraite est un arrêt d’une activité, et non pas le démarrage d’une nouvelle vie différente, qui doit être planifiée à l’avance ».

D’après le professeur, contrairement aux occidentaux qui font de ce passage au repos une occasion pour voyager, changer de vie, comme quitter la cité pour vivre à la campagne et réaliser ses rêves, les Tunisiens pensent que cette phase est au contraire, parsemée de passivité et d’oisiveté.

Concernant les anciens hauts cadres des institutions et entreprises publiques et privées, leurs compétences sont souvent sollicitées par les Think Tank à l’étranger, pour bénéficier de leurs expériences en matière de gestion de crise, de réflexions stratégiques et de formations des futurs fonctionnaires… « Dans les sociétés les plus développées, l’Etat investit dans ce capital humain, d’abord pour leur exprimer leur reconnaissance, vis-à-vis de leurs efforts fournis durant des décennies. Mais aussi pour transmettre leur savoir faire et expertise à travers les générations », nous explique le psychologue.

Donner du sens à sa retraite

D’après Pr.Nasr, les personnes qui occupaient des postes managériales et des responsabilités dans les entreprises, ont peur du vide après la retraite et du temps libre qu’ils auront à remplir sans avoir aucune activité en main. D’autre part, ces travailleurs passés au repos, vont devoir confronter le regard de leur entourage, qu’il va les classer désormais, comme étant sans intérêt et sans valeur ajoutée dans la société. C’est pour ça, que les retraités sont appelés à se rendre utile malgré, la baisse du moral et ce changement brusque du rythme de vie.

« Se diriger vers la société civile, serait le meilleur remède pour combattre la monotonie, et se rendre utile pour les autres. L’adhésion à la vie politique, serait aussi une bonne alternative pour les personnes ayant occupé  de hautes responsabilités, et qui sont passionnées…Le plus important, c’est d’investir dans le temps, et de s’occuper à travers des activités enrichissantes ! », recommande le sociologue.

Gnetnews

 

 

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Anonyme

J’ai effectué 1 thèse de recherches à l’ EURATOM ( Ispra – Va .Italie) . Suite à ma réussite j ‘ai été recruté par l’ IAEA Vienne (environ à la mm période que le fameux Egyptien Bradii ). Mon recrutement été subordonné à l’avis favorable de notre gouvernement . Après 1 an d’ attente j ‘ai reçu la réponse suivante  » vous avez bénéficié d’ 1 bourse vous devez rentrer en Tunisie . (bourse octroyée par le gouvernement Italien) . Ne voulant pas changer de nationalité ( marié à une Italienne ) ,je suis rentré en Tunisie , pour faire… Lire la suite »