SNJT : Appel à la libération de Sonia Dahmani et des journalistes incarcérés

04-02-2025

Dans un communiqué paru ce mardi 4 février, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a appelé à la libération immédiate de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, ainsi que des journalistes emprisonnés en raison de leurs opinions.

Cette déclaration intervient après la décision de la chambre 29 de la Cour de cassation de Tunis, rendue le lundi 3 février 2025, annulant et renvoyant l’affaire de Sonia Dahmani devant une nouvelle formation de la chambre d’accusation pour réexamen. Cette dernière avait été renvoyée devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis en août 2024, suite à une plainte de la Direction générale des prisons. Elle est poursuivie en vertu du décret 54 relatif aux crimes des systèmes d’information et de communication, pour « diffusion de fausses nouvelles, atteinte à la réputation d’un fonctionnaire public et incitation contre lui Â».

Sonia Dahmani, qui avait critiqué les conditions carcérales en Tunisie lors d’une émission radio, fait l’objet de cinq poursuites judiciaires basées sur le décret 54. Quatre d’entre elles sont considérées comme des délits, tandis que l’affaire liée aux prisons a été classée comme un crime passible de dix ans de prison, la plainte émanant d’une autorité publique. Elle a déjà été condamnée en appel dans deux affaires :

-Affaire « Heyla el bled » : huit mois de prison pour avoir critiqué la migration irrégulière et la situation économique en septembre 2024.

-Affaire dite « du racisme » : 18 mois de prison en janvier 2025.

Le SNJT salue la décision de la Cour de cassation, la considérant comme une avancée vers une application stricte du décret 115, qui régit les affaires de presse, et non du décret 54. Le syndicat rappelle que la critique des institutions et des politiques publiques constitue l’essence même du journalisme et ne devrait en aucun cas mener à des poursuites judiciaires. Il accuse également les autorités de faire de ce décret un instrument de répression visant à museler les voix critiques.

Le syndicat dénonce par ailleurs le blocage délibéré du projet d’amendement du décret 54 par le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Ibrahim Bouderbala, l’accusant d’entraver les procédures législatives au mépris de la Constitution et du règlement interne du Parlement.

Enfin, le SNJT réitère son appel à la libération de Sonia Dahmani et de tous les journalistes poursuivis pour des affaires d’opinion, notamment Chadha Haj Mabrouk, Mourad Zeghidi, Mohamed Boughalleb et Borhene Bsaïes.

Gnetnews