Dépourvus de moyens, les établissements scolaires peinent à appliquer le protocole sanitaire

09-10-2020

Les professeurs de l’enseignement secondaire ont observé, ce vendredi, une suspension symbolique de cours pendant une heure, de 11h à 12h. Ils ont répondu à l’appel de la fédération générale de l’enseignement secondaire syndicat qui dénonce des défaillances dans la mise en application du protocole sanitaire dans les établissements.

La situation sanitaire en milieu scolaire semble prendre le mauvais chemin à en croire les derniers chiffres. Le directeur général des études, de la planification et des systèmes informatiques au ministère de l’Education, Bouzid Nsiri, a fait état de 707 cas infectés au Coronavirus (Sars-CoV-2) parmi les élèves, les enseignants et les employés, à la date du 07 octobre.

Il a ajouté que 301 cas étaient enregistrés parmi les élèves, 307 parmi les enseignants, 73 au rang des administratifs, et 26 des employés. Le dernier bilan des cas suspectés est de 2091.

Lycée Radhia Haddad / El Omrane – Tunis

Nous nous sommes rendus dans trois établissements du grand Tunis. Le premier a été le Lycée d’El Menzah IV. Là bas, le mouvement n’a visiblement pas été suivi. En effet, nous avons été reçu par le directeur de l’école qui ne nous a pas autorisé à entrer. Il a par ailleurs expliqué que les enseignants s’étaient réunis vers 10 heures et qu’ils ont décidé d’annuler la suspension de cours.

Nous avons donc pris la direction du quartier d’El Omrane. Dans le collège Abou Kacem Chebbi. Là bas, le retrait des enseignants a bien été suivi. En effet, l’établissement était vide aussi bien de ses professeurs que de ses élèves. Le Directeur, Ridha Jamaï, qui a bien voulu nous recevoir est en total accord avec les revendications de la fédération générale de l’enseignement secondaire. « Dans de nombreux établissements, le protocole sanitaire n’est pas respecté à 100% car on ne nous donne pas les moyens nécessaires pour le faire », explique-t-il.

Ridha Jamaï / Directeur du collège Abou Kacem Chebbi El Omrane – Tunis

Selon lui, il y a un manque dans la désinfection des établissements et dans l’approvisionnement en masques. « Certains membres du syndicats ont demandé un arrêt des cours pendant 15 jours car la le nombre de cas ne cesse d’augmenter dans les écoles. A travers cette suspension de cours symbolique, le syndicat a voulu faire parvenir un message d’alerte au Ministère », indique le Directeur.

Dans la salle des professeurs, nous retrouvons quelques enseignants qui ont observé le mouvement. Ils n’ont pas souhaité intervenir devant notre caméra, mais ils expliquent que la situation est grave. « Nous ne voulons pas parler parce que cela ne sert à rien. Personne ne nous écoute au niveau de l’autorité centrale », nous lancent-ils. L’une d’entre eux nous explique, dans un soupir plein de désespoir, que la dégradation des  conditions de travail dans l’enseignement ne datent pas d’hier.

Un peu plus loin, nous entrons dans le Lycée Radhia Haddad d’El Omrane. en l’absence de la direction et des enseignants nous nous entretenons avec un groupe d’élèves assis sur un banc dans la cours de récréation, essayant de tuer le temps pendant cette heure de suspension de cours. Ils n’hésitent pas à nous révéler que le protocole sanitaire n’est pas du tour respecté. « Quand on nous croise dans les couloirs on nous demande où sont nos tabliers mais on ne nous demande pas où sont nos masques », déplore une adolescente. En effet, la plupart des élèves que nous avons vu ne portent pas de masques et à l’entrée aucune prise de température n’est prise. « Nous avons du attendre un mois pour que le lycée soit muni d’un thermomètre à l’entrée », nous lance un autre garçon.

Lycée Radhia Haddad / El Omrane – Tunis

Ce dernier accepte de répondre à quelques questions devant notre caméra. « Il y a eu quelques améliorations depuis la rentrée, mais cela reste toujours insuffisant, notamment en terme de gel désinfectant et de prise de température à l’entrée », souligne Omar. Par ailleurs il a rappelé que le nombre croissant de cas de contaminations dans les établissements scolaires nécessite une prise de décision radicale de la part des autorités. Le jeune homme a semblé tellement inquiet, qu’il a avancé 1000 cas, un chiffre qui s’est avéré erroné. A cet égard, il propose un arrêt de cours sur une période de 15 jours, notamment dans les gouvernorarts du Grand-Tunis.

A noter que le chef de file de la fédération générale de l’enseignement secondaire, Lasâad Yacoubi, a appelé à la mise en place d’un laboratoire d’analyses dédié aux élèves et au personnel éducatif au centre national de la médecine scolaire et également à ne pas déduire les jours de confinement du salaire du corps enseignant.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus le reportage consacré à la suspension des cours.

Wissal Ayadi