Tunisie : Les jeunes des quartiers populaires sont discriminés à l’emploi

27-09-2019

« L’exclusion sociale, une barrière à l’entrée au marché du travail », tel est l’intitulé de la deuxième édition du forum de l’emploi, organisée ce vendredi 27 septembre à dans le cadre du partenariat dano-arabe, avec l’institut arabe des chefs d’entreprise, le programme Oxfam et la fondation Friedrich-Naumann.

Une étude sur les difficultés d’’accès au marché de travail pour les jeunes des régions marginalisées a été présentée lors de ce forum.

L’enquête a été réalisée à la Cité d’Ettadhamen auprès de  379 chômeurs et 379 jeunes actifs. Elle a concerné également 184 chômeurs et 184 actifs de l’Ariana ville. Ces personnes ont les mêmes caractéristiques démographiques, le même niveau d’éducation et appartiennent au même environnement social, mais n’ont pas la même situation professionnelle.

« En interrogeant les chômeurs, il s’est avéré que le fait qu’ils soient issus des quartiers populaires constitue une entrave pour se faire embaucher. », a constaté Wajdi Ben Hassen membre du comité directeur de l’IACE. « L’adresse affichée sur le curriculum vitae du candidat a une influence majeure sur l’avis du recruteur ».

Quant aux employeurs, ils ont justifié cette stigmatisation à l’embauche, par le manque de transport dans ces régions, qui empêche les employés d’arriver à l’heure. Il s’en ajoute que la majorité des habitants de ces régions, ne maitrisent pas les soft skills comme les langues, l’informatique et les outils de communication.

«Concernant les exigences liées à l’appartenance sociale, les recruteurs ont confirmé que l’environnement économique et sociale ont un impact visible sur le niveau intellectuel du demandeur d’emploi et  sa capacité de s’intégrer au sein de l’entreprise».

Cette enquête a montré aussi que l’employabilité des chômeurs, ne dépend pas seulement de la nature du diplôme du candidat.

 « C’est les compétences transversales et techniques qui sont les plus sollicitées, ainsi que l’implication des jeunes dans la vie associative qui leur apprend à mieux communiquer et qui les aide à créer un réseau social porteur de valeur ajoutée à la société ».

Les indices d’exclusion du marché de travail ont révélé également que le taux de chômage le moins faible sur le grand Tunis, se trouve dans les délégations d’El Menzeh, Ariana Ville, Carthage, Megrine, La Marsa, Le Bardo, Bab Bhar, El Mourouj…

Pour les autres gouvernorats, Sidi Bouzid trône en tête de classement des plus exclus du marché du travail, suivi de Béja Nord et Jendouba.

Pour faire face à cette inégalité des chances, la conseillère auprès du ministère de l’enseignement supérieur, Amira Guermazi, a évoqué des stratégies nationales de décentralisation, comme la duplication des filières dans quelques universités dans le centre et le sud du pays.

Elle a également cité une adaptation des spécialités proposées dans ces universités de proximité, aux richesses de chaque région. « Mais cela est resté inefficace quand on voit le taux de chômage atteint actuellement ».

« Il y a aussi le système de scoring au baccalauréat qui permet une certaine équité, et qui facilite l’accès aux filières nobles et aux grandes écoles, a-t-elle ajouté. Le problème c’est que les jeunes choisissent encore des études approfondies en maths, physique, chimie… dont les débouchés sont limités en réalité. D’autres espèrent encore travailler pour des établissements étatiques, au lieu d’opter pour l’entreprenariat qui demande plus d’efforts et d’implication ». 

Guermazi a évoqué également, le plan stratégique de la réforme de l’enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique qui a pour  objectif d’améliorer l’insertion professionnelle des diplômés, à travers le renforcement des centres de carrière et de certification des compétences les « 4C ».

« Ces centres proposent des conseils de planification de carrière, un accompagnement professionnel, et des formations certifiées, organisent des salons d’emploi, des visites sur site, et des rencontres avec les entreprises en partenariat avec les associations et les ONG.

Emna Bhira