Tunisie : Les pharmaciens suspendent le tiers payant face à la crise financière

Le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot) a annoncé, mardi 16 septembre 2025, la suspension du système du tiers payant pour les médicaments destinés aux maladies ordinaires à compter du 1er octobre prochain. Une décision exceptionnelle motivée par la « crise financière sans précédent » qui touche les pharmacies privées du pays.
Dans un communiqué, le Spot dénonce le retard « spectaculaire » de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) dans le remboursement des médicaments, qui plonge les officines dans une situation critique. « Les solutions partielles et les mesures temporaires ne suffisent plus », affirme le syndicat, appelant à des réformes structurelles et à un soutien effectif pour protéger les pharmacies et garantir la continuité des soins.
Le syndicat rappelle les efforts consentis par les pharmacies depuis fin 2024. Malgré l’absence de soutien officiel, elles ont assuré, grâce à leurs propres moyens et à des crédits bancaires, la distribution des traitements nécessaires à plus de trois millions de Tunisiens sur cinq mois, illustrant leur rôle national et social dans le maintien du service de santé.
Pour faire face à la situation, le Spot a annoncé deux mesures principales :
-la suspension du tiers payant pour les maladies ordinaires à partir du 1er octobre, tout en maintenant l’accès aux traitements pour les maladies chroniques et lourdes (APCI et AP) ;
-la convocation d’une assemblée générale extraordinaire le 25 octobre 2025 pour définir les mesures à adopter afin de sauver les pharmacies, protéger la profession et garantir le droit des citoyens à l’accès aux soins.
Selon le syndicat, les délais de paiement de la Cnam ont atteint 120 à 150 jours, alors que l’accord initial prévoyait un délai de quatorze jours. Les pharmaciens avaient déjà accepté, à titre exceptionnel en 2024, un délai de soixante jours. Ces retards ont fragilisé les finances des officines, certaines étant désormais incapables de régler leurs fournisseurs ou la Pharmacie centrale tunisienne (PCT), et risquent le dépôt de bilan, notamment dans les régions de l’intérieur.
Le Spot rappelle également que « contrairement à ce que certains croient, les marges bénéficiaires des pharmaciens sont faibles » et que ces marges n’ont pas été révisées depuis 1996. Le syndicat conclut en soulignant que « la responsabilité de l’État et des structures officielles est engagée » pour garantir la continuité de ce service vital, dénonçant un sentiment d’abandon ressenti par les pharmaciens.
Gnetnews