Tunisie : Les quatre priorités du gouvernement Mechichi, devant rompre avec une décennie d’échec !

27-07-2020

Les réactions à la désignation de l’actuel ministre de l’Intérieur du gouvernement démissionnaire, Hichem Mechichi, pour former le prochain gouvernement a été diversement appréciée, mais la tendance est plutôt positive, approuvant le choix du président de la république, Kaïs Saïed, qui s’est fait en dehors des propositions des partis politiques.

Quelque peu surprenante, la nouvelle qui est tombée samedi dernier en milieu de soirée, à l’heure où le cœur de la Tunisie était suspendu au nom de celui qui va succéder à Elyes Fakhfakh, qui a fini par jeter l’éponge sur fond d’une affaire de conflit d’intérêts, a agité milieux politiques, médias, et réseaux sociaux pendant tout le week-end.

Personne n’osera contredire la décision du président 

Entre ceux qui protestaient contre la démarche du locataire de Carthage de ne pas pas avoir tenu compte des résultats des concertations avec les partis politiques, et d’avoir choisi un profil ne cadrant pas avec les exigences de l’étape, éminemment socio-économique, et financière, et d’autres qui voyaient en le chef du gouvernement désigné, l’homme de la situation, étant le fils de l’intérieur du pays, de l’administration tunisienne, et qui saura, à leurs yeux, grâce à son passage par le ministère de l’Intérieur, instaurer la sécurité, et appliquer la loi à tous ; certains demeurent attentistes, et se gardent encore de livrer une position claire et tranchée sur celui qui est sur le chemin de devenir le 9ème chef du gouvernement, après la révolution.

Quoi qu’il en soit, l’étape est tellement critique et les défis incommensurables, que personne n’osera contredire la décision du président, et assumer la responsabilité de faire perdre plus de temps à la Tunisie, qui n’en peut plus d’avoir été aussi malmenée, et dont les intérêts suprêmes ont été sacrifiés sur l’autel des tiraillements et des querelles politiques.

Hormis la parenthèse du gouvernement de Mehdi Jomaâ, ayant été investi en janvier 2014 dans la foulée de l’adoption de la nouvelle constitution, la Tunisie a été gouvernée depuis 2011 par des coalitions politiques, et le résultat était peu probant.

Travaillant dans un contexte d’urgence socioéconomique, ces gouvernements se sont heurtés quasiment aux même difficultés, tensions entre leurs différentes composantes, manque d’harmonie entre elles, et absence de solidarité gouvernementale.

Autant d’entraves qui en freinaient l’action, et étouffaient dans l’œuf les balbutiements de toute œuvre de réforme et de redressement.

La Tunisie s’apprête à boucler une décennie sans qu’elle n’ait réussi à amorcer sa transition économique, sur fond d’une transition politique toujours inachevée, voire cahoteuse. Les Tunisiens sont incrédules, peu importe le nom qu’on leur propose, l’essentiel est sa capacité à faire mieux que ceux qui l’ont précédé.

Saïed nourrit une certaine verticalité au pouvoir

A priori, si l’on veut rester positif et objectif, on dira que la désignation de Mechichi a des avantages. Le premier, et il est essentiel, est qu’elle donnera lieu à un pouvoir exécutif travaillant en symbiose, ce qui n’a pas été le cas au cours de ces dernières années. Même si par son choix, le président qui semble nourrir une certaine verticalité au pouvoir, cherche clairement à rester le maître du jeu.

Le fait que le désigné n’a pas d’appartenance et d’allégeance politique connue est-il aussi un atout qu’il faudrait savoir fructifier. Cela signifie qu’il se tiendrait à la même distance de tous les partis, ce qui contribuerait à désamorcer les tensions, à apaiser le climat, et à instaurer la stabilité tant recherchée.

Dans sa brève allocution ayant suivi sa désignation, Mechichi a prononcé une phrase clef, sur laquelle il gagnera à bâtir le processus de formation de son équipe, c’est qu’il s’est engagé « à former un gouvernement qui répond aux aspirations de tous les Tunisiens, et œuvre à accéder à leurs revendications légitimes ».

Le gouvernement en devenir devra, à juste titre, plaire aux Tunisiens, dans leurs différentes catégories, et non aux partis politiques, dont la prestation n’a pas convaincu, voire a déçu pendant toutes ces années, tant et si bien, qu’elle obéissait à des considérations partisanes et des calculs étriqués, au détriment l’intérêt du pays et de son peuple.

Donner de la profondeur et du pragmatisme à la diplomatie tunisienne

Le chef du gouvernement désigné arrive dans un contexte où les Tunisiens ayant enchaîné les déceptions et les déconvenues ne croient plus en rien, et ou le fossé entre eux et la classe politique ne cesse de s’élargir. Son premier pari est de donner un signe d’espoir en procédant autrement que ses prédécesseurs et en formant un gouvernement de compétences nationales, apolitiques, intègres et expérimentées.

Mechichi devra s’entourer de bons conseillers, et d’experts pour préparer un programme, sur la base duquel les membres de son équipe seront choisis. Les priorités de l’étape sont au nombre de quatre, elles sont incontestablement d’ordre socioéconomique, requérant des responsables dotés de vision, de clairvoyance et d’une capacité à négocier, notamment, avec les syndicats, les bailleurs de fonds et les partenaires de la Tunisie pour pouvoir mobiliser les fonds, et engager les réformes structurelles dont est tributaire le sauvetage du pays et son redressement.

La priorité est également sécuritaire, avec un bon candidat devant lui succéder à l’Intérieur, à même d’instaurer et de consolider la sécurité, sans laquelle aucune relance économique n’est possible.

Elle est, de surcroît, diplomatique, le département du Nord-Hilton est en droit de s’attendre à ce qu’une personnalité nationale soit désignée à sa tête, à même de donner de la profondeur, du pragmatisme  et de la clarté à la diplomatie tunisienne, dans une conjoncture régionale et internationale dominée par les conflits nous touchant directement, dont la crise en Libye.

La priorité est-elle aussi sanitaire avec le rebond de la pandémie du Coronavirus un peu partout dans le monde, et le besoin de la Tunisie, qui est plus exposée aux risques depuis la réouverture des frontières, de consolider sa maitrise du virus.

Nombreux sont les dossiers urgents, leur résolution requiert un gouvernement qui privilégie volontarisme et action, aux dépens des affrontements et des tiraillements.

Mechichi est tenu de tirer les enseignements, d’éviter de reproduire les mêmes erreurs que ses prédécesseurs, et de rompre avec le passé. Il pourra ainsi rallier les Tunisiens à sa cause, et s’il est plébiscité par le peuple, l’obtention d’une majorité confortable, plus que les 109 voix exigées, deviendra une simple formalité.

H.J.

2 Auteurs du commentaire
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Anonyme

uttet la le contre la corruption

Anonyme

Le plus grand problème qui tue les Tunisiens c’est la CORRUPTION. Donc la première chose à faire consiste à éradiquer la corruption en éliminant tous les corrompus de notre pauvre pays. Car une fois cette question réglée tous les problèmes seront automatiquement résolus. C’est la solution unique. Il n’y en pas d’autre.