L’envolée des prix des produits alimentaires suscite le mécontentement des Tunisiens

10-01-2022

En ce début de l’année 2022, l’Etat doit gérer non seulement le rebond de la pandémie, mais aussi la gronde des Tunisiens face à la flambée des prix des produits alimentaires, notamment les tarifs des produits frais qui ne cessent d’augmenter…

En parcourant les étals des marchands du coin, au quartier d’Ain Zaghouan Nord, les légumes et les fruits de saison ont affiché des prix vertigineux.

Le prix d’un bouquet d’artichaut va de 2.5 à 5 dinars. Le kilogramme de petit pois est à 4.7 dt, et les aubergines se vendent à 3.980 dt. Un kilo de Betterave coute 4.025 dt, les épinards sont à 3.450 dt/kg, et la fève à 2.875 dt/kg.

Les produits de base de la cuisine tunisienne ont aussi grimpé. Comme les tomates qui témoignent d’une hausse d’un dinar depuis septembre dernier. Elles se vendent à 2.480 chez les détaillants. Quant aux tomates cerise à 4.600 dt le kilo, elles sont désormais classées parmi les produits de luxe que les citoyens ne s’en servent qu’occasionnellement…Les oignons sont à 2.980 dt/kg, et les carottes à 4.830 dt…

Faut-il rappeler aussi que pour nourrir une famille, il faut compter au moins deux kilos de ces produits, pour assurer une quantité suffisante pour chaque membre, ce qui fera grimper la facture des courses…

Avec ces tarifs, il faut compter 200 dt par semaine pour subvenir aux besoins d’une famille composée de 5 personnes, a commenté une mère de famille qui a choisi de boycotter les produits alimentaires dont le prix du kilo dépasse les 4dt.

« Même si j’ai les moyens de me procurer ces légumes et fruits trop chers pour la plupart des Tunisiens, j’opte pour le boycott pour exprimer aux marchands notre mécontentement, pourvu qu’ils réagissent en baissant leurs prix… ».

Les agrumes, comme les oranges Thomson, maltaises ou douces, semblent encore à la portée des Tunisiens, puisque leurs tarifs vacillent de 1500 à 2980 le kg. Les bananes sont toujours en hausse, et leurs prix dépendent de leurs provenances, commerce officiel ou parallèle00. Elles affichent des étiquettes allant de 4 à 6 dt le kilo.

Pour s’informer sur les facteurs derrière cette hausse des prix des légumes et fruits locaux, nous avons interrogés le marchand en question, qui nous a répondu que les couts des semences, des fertilisants et du transport ont augmenté. « Les charges des agriculteurs et des grossistes se répercutent sur nos tarifs, vu que la demande a baissé à cause des vendeurs ambulants et informels, ayant su convaincre avec leurs prix cassés. Entre temps, les primeurs qui payent leurs impôts et qui peinent à couvrir leurs charges, sont mis à l’écart par les acheteurs… », nous explique-t-il.

Ce dernier a appelé le ministère de l’agriculture et du commerce à imposer des prix réguliers et homologués, en plus de mettre en place un contrôle et un suivi de tous les commerçants, et les contrevenants. « Sans cela, la réticence des clients persistera, et les Tunisiens s’indigneront un jour contre la dégradation de leurs conditions de vie », prévient-il.

Par ailleurs, nous nous sommes aussi rendus dans un magasin, d’une chaine de distribution agroalimentaire, pour faire un tour dans les rayons de poissonnerie, volailles et charcuterie.

A midi, ils étaient désertés. Les clients se sont contentés de contempler les étiquettes, en évitant les dépenses excessives. Dans les vitrines, des steaks sont exposés à 34.900 dt/kg, l’escalope à 16.900dt/kg, et le blanc de poulet à 15.800dt/kg. Sans parler de la flmabée des tarifs dans le rayon des poissons. Les fruits de mer sont les plus chers avec le kilo de chevrettes qui se vend à 40.990dt, le calamar à 44.700dt, et la seiche à 44dt.  Par ailleurs, la dorade est à 19.500 dt/kg, le loup est à 52 dt et le mulet à 19.990 dt/kg.

Avec des tarifs si élevés, les Tunisiens moyens sont en train de se priver de ces produits, vu la régression de leur pouvoir d’achat. En parlant avec cette cliente que nous avons repérée en train d’acheter de petites quantités, tout en regardant minutieusement le prix affichés sur la balance. Elle nous a dévoilé sa méthode pour ne pas dépasser son budget de la semaine, consacré aux courses.

« Je prends souvent 500g de chaque produit, pour équilibrer et varier notre alimentation, et ça me revient moins cher. Pourtant, je suis cadre dans une entreprise et mon mari gère son propre projet, mais avec la cherté de la vie en général en Tunisie, nos salaires ne nous permettent plus de consommer avec abondance comme autrefois », nous confie-t-elle.

Emna Bhira