Tunisie : Que 2021 soit l’année de la raison et de l’apaisement

31-12-2020

Enfin, le président Kaïs Saïed a accepté l’idée d’un dialogue politique, chapeauté par l’influente organisation syndicale, pour apaiser les tensions dans une scène politique, qui n’a cessé d’être en ébullition ces dix dernières années. La Tunisie saura-t-elle surmonter cette crise multiforme : politique, économique, sociale et sanitaire…se réconcilier avec elle-même, se remettre debout, et retrouver la voie du salut ?

Recevant hier, mercredi 30 décembre 2020, à Carthage le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, le président de la république a donné son accord à « la tenue d’un dialogue pour rectifier le processus de la révolution, qui a dévié de son cheminement réel, fixé par le peuple depuis dix ans, soit l’emploi, la liberté et la dignité nationale », indique la présidence dans un communiqué.

Fidèle à ses convictions de la prédominance du local, par rapport au central et à la nécessité pour la jeunesse de se rapproprier son présent et son avenir, le chef de l’Etat a exigé l’implication de ses représentants à ce dialogue, conformément à une démarche qui sera arrêtée ultérieurement.

Carthage annonce aussi une séance, dans les tous prochains jours, « pour examiner les détails du dialogue », dont le but est de parvenir à des solutions politiques, économiques et sociales à la situation actuelle dans le pays.

Cette annonce vient à point nommé, à l’heure où la Tunisie est, quasiment bloquée, otage qu’elle est des querelles politiques, des tiraillements et des tensions, qui l’empêchent d’avancer, et où les difficultés et des défis s’accumulent de jour en jour.

De moins en moins résiliente face à une conjoncture nationale et internationale redoutable, avec des indicateurs économiques et financiers au plus bas, la Tunisie encourt des risques fatals, si elle ne se ressaisit pas, et ne prend pas sa destinée en main pour tenter de remonter la pente. A fortiori qu’elle peine à juguler une pandémie, ayant mis à genou les économies mondiales les plus puissantes que l’on croyait, jusque-là, invincibles.

Malgré l’abattement ambiant et la désillusion qui nous frappent à quelques jours de la célébration du 10ème anniversaire de la révolution, nous n’avons d’autre choix que de s’accrocher à l’espoir que ce dialogue parvienne à esquisser des solutions pour sortir la Tunisie de l’ornière. Cet espoir est d’autant plus vivace qu’on est à la veille d’une nouvelle année, et que les Tunisiens, à l’instar de tous les peuples de la planète, ont hâte à faire leurs adieux à 2020, une année difficile, ayant chamboulé le quotidien, les habitudes, et les certitudes des humains, là où ils se trouvent ; ayant fait perdre leur travail et plongé dans la précarité des millions d’individus de par le monde, et où le manque à gagner planétaire en termes financier et économique, se compte par des  milliers de milliards.

Impuissance devant les aléas de la vie

Nous autres Tunisiens, accueillons la nouvelle année, en priant Dieu que cet ennemi invisible, nommé Coronavirus, Covid-19 ou encore SARS-CoV-2, disparaisse à jamais, et que l’on en finisse avec cette inquiétude permanente, et cette peur constante d’attraper le virus…avec des restrictions qui limitent nos libertés, entravent notre circulation, et nous éloignent de nos proches et de ceux que nous aimons.

Cette épreuve que les Tunisiens ont vécue, comme partout ailleurs, est venue nous rappeler notre fragilité, notre faiblesse et notre impuissance devant les aléas de la vie et les coups du destin…le principal enseignement à en tirer, c’est l’impératif de gagner en sagesse, et de considérer l’altérité, comme étant bienfaitrice pour soi-même. L’autre, avec ses contradictions et ses imperfections naturelles, n’est pas l’ennemi, comme on a tendance à le penser et à s’en convaincre, l’autre existe en nous, pour peu que l’on essaie de le comprendre, de faire montre d’empathie et de cesser de le diaboliser.

En cette veille du nouvel an, où les rapports ne cessent de se distendre, ou le fossé de l’incompréhension n’arrête de se creuser et de s’approfondir, n’aura-t-on pas besoin d’un peu d’ouverture de cœur et d’esprit, pour parvenir à dissiper les malentendus, les rancœurs et les haines, rasséréner nos rapports, et revenir à de meilleurs sentiments les uns, envers les autres.

C’est exactement, le sentiment qui devra présider à ce dialogue politique, c’est de tenter de se débarrasser des idées reçues, de cet excès de défiance injustifié envers l’autre, de s’affranchir de l’égo et de faire montre d’humilité…la situation en Tunisie est gravement difficile, mais elle n’est pas irrattrapable. L’unique solution pour éviter le naufrage, c’est de se la jouer collectif, de regarder vers la même direction, de revivifier ce sentiment d’appartenance, et cette volonté d’un sauvetage commun…c’est là la seule voie de se tirer d’affaires, un pari difficile mais gagnable. Meilleurs vœux de santé et de succès en 2021, que l’on espère être l’année de la raison, et de l’apaisement sur tous les plans.

La Rédaction