Tunisie/ Sortie de crise : L’esprit de compromis Vs les solutions jusqu’au-boutistes
La déclaration de Kaïs Saïed hier, mercredi 03 février, a montré que la cérémonie de prestation de serment n’est pas prête à avoir lieu, et les ministres dont la nomination a été validée il y a plus d’une semaine, par l’Assemblée, ne vont pas rejoindre leur poste d’aussitôt. Une situation inédite, celle où un remaniement ministériel reste inabouti, et n’arrive pas à parachever les phases légales et constitutionnelles…
La Tunisie n’en est pas à sa première crise politique, ni à son premier conflit entre les institutions. Elle en a connu pas mal pendant ces dix dernières années, dont le dénouement a été, à chaque fois, difficile et complexe.
La Tunisie, ou l’image d’un pays ingouvernable
Dans le cas d’espèce, la crise qui secoue le pouvoir exécutif est extrêmement grave de par sa nature, dans la mesure où elle traduit une perte de confiance, voire une fissure entre le président de la république et le chef du gouvernement, devant normalement, travailler en tandem pour permettre un fonctionnement normal des institutions et une gestion saine des affaires du pays.
Sa gravité tient-elle aussi à son timing ; cette énième crise politique a lieu à un moment où la nation, fragilisée et saignée à blanc, est appelée à faire face à trois crises majeures de front : économique, sociale et sanitaire, sur fond d’une exaspération populaire grandissante, et d’une menace terroriste persistante. Elle intervient, de surcroît, à l’heure où l’engagement des bailleurs de fonds envers la Tunisie est en suspens…Le FMI a exigé cette fois-ci que les pouvoirs publics et tous les acteurs économiques et sociaux du pays parlent d’un seul mot, affichent une position consensuelle et regardent vers la même direction, pour qu’il daigne négocier un nouveau programme avec le gouvernement tunisien.
La décision du FMI de continuer ou de rompre toute coopération avec notre pays, vaudra pour les autres bailleurs de fonds et institutions financières qui ne feront que lui emboîter le pas. Sans compter les effets de ce litige sur le jugement des agences de notation, qui s’annonce extrêmement sévère. La Tunisie ne donne plus seulement l’image d’un pays instable, mais d’un pays ingouvernable, et cet état de fait se traduira dans sa note souveraine. De là à dire que la sortie sur le marché extérieur pour mobiliser des fonds sera hasardeuse, il n’y a qu’un pas que l’on hésite pas à franchir.
Les deux principales tendances à l’Assemblée
Kaïs Saïed s’est défendu hier d’être à l’origine de la crise, soit. Il l’a néanmoins portée sur la place publique. Son réquisitoire envers le remaniement ministériel, et les personnalités qui le composent, a montré l’état de dégradation des rapports au sein de l’Etat, et cela a envoyé de mauvais signes à l’intérieur et à l’extérieur. De telles critiques auraient dû être formulées dans une rencontre à huis-clos, et non devant les caméras, dans une assemblée censée répondre aux urgences du pays, celles d’endiguer l’épidémie, de sauver des vies et de répondre à la détresse socio-économique des Tunisiens.
Les origines de la crise sont, néanmoins, plus lointaines et les frictions se sont fait jour, dès la composition du gouvernement Mechichi I. Les rapports n’ont cessé de distendre entre les deux hommes, la proximité de Mechichi d’Ennahdha, Qalb Tounes et de la coalition de la dignité, n’avait pas l’heur de plaire au chef de l’Etat.
Intrinsèquement effritée, l’Assemblée dégage dès lors deux principales tendances : la majorité du chef du gouvernement composée des blocs parlementaires précités et les soutiens du président, incarnés essentiellement par le bloc démocratique (courant démocrate, et mouvement du peuple). D’autres groupes sont dans le soutien critique, et variable au gré des humeurs, au gouvernement, tout en marquant leurs distances avec sa ceinture politique.
Comment démêler cette pelote, et apaiser ce climat conflictuel ? Comment concilier des intérêts inconciliables, pour pouvoir donner au pays, un gouvernement opérant et investi des pleins pouvoirs, afin qu’il planche sur les affaires, et préserver un tant soit peu la crédibilité de nos institutions et de nos ministres.
ôtes-toi pour que je m’y mette
Le point de non-retour ne semble pas être atteint et le fait que le président de la république et le chef du gouvernement s’affichent côte à côte ce jeudi 04 février, en train de réciter la fatiha et de rendre hommage à nos vaillants martyrs, fait ressusciter l’espoir d’un dégel et d’une entente au sein de l’exécutif.
La crise ne devra pas être résolue par les moyens jusqu’au-boutistes, voire la dissolution de l’Assemblée et la révocation du gouvernement, comme le préconisent ceux qui cherchent le pourrissement, les partisans du ôtes-toi pour que je m’y mette. Un tel scénario plongera la Tunisie dans l’inconnu et le chaos, et fera voler en éclats le peu d’acquis que l’on a réalisés pendant cette dernière décennie.
Le chef du gouvernement devra, par ailleurs, s’éloigner de tout bras de fer et éviter de recourir au procédé dit de « formalité impossible », qui ne fera qu’attiser les tensions, et entamer, d’emblée, la crédibilité des nouveaux ministres, qui seront délégitimés, et auront à trainer comme un boulet le fait qu’ils soient en exercice sans avoir prêté serment, et jurer loyauté et allégeance au pays et à son peuple.
La sagesse veut que l’esprit de compromis prévale et que la crise soit réglée dans le cadre des institutions actuelles, moyennant des concessions de part et d’autre. Méchichi pourrait ainsi accéder aux conditions de Kaïs Saïed, remplacer les noms sur lesquels le président oppose son veto, et débloquer cette situation désastreuse sur la marche du pays, et son image à l’extérieur. Une telle solution est notre seule voie de salut, en attendant que des changements réels dans ce triste paysage politique soient opérés lors des prochaines élections, lorsque la décision reviendra au peuple…
H.J.
Lun 8 Fév 2021 Un bon article signé H. J. que je ne connais as encore. La sagesse serait une rencontre au Palais de Carthage au plus tôt, dans la semaine, des 3 Présidents de la République Kais Said, de l’ARP Assemblée des Représentants du Peuple, Rached Ghannouchi, et du Gouvernement Hichem Mechichi, sans aucun préalable. Le Peuple Tunisien et la Jeunesse Tunisienne doivent être pris en considération et les 3 Présidents arriver à un compromis pour redresser en urgence l’image Socio-Economique de la Tunisie ????????. De plus, le Ministre des Finances Ali Kooli qui a donné une interview sur… Lire la suite »