Tunisie : Un rassemblement imposant des opposants à Kaïs Saïed, entaché par des actes de violence

Des milliers de manifestants ont déferlé hier, dimanche 10 octobre, sur l’avenue Habib Bourguiba de Tunis, pour crier haut et fort, leur rejet de ce qu’ils qualifient « le coup d’Etat » mené par Kaïs Saïed.
Ce rassemblement auquel a appelé, notamment, le mouvement « Citoyens contre le Coup d’Etat », dont le chef de file, est Jawher Ben M’Barek, a cristallisé l’ensemble des oppositions, toutes idéologies et appartenances confondues, au processus enclenché le 25 juillet dernier.
« Non à la concentration des pouvoirs »
Les manifestants qui ont arpenté les rues de la capitale, pour converger vers l’avenue Habib Bourguiba, au milieu d’un important dispositif sécuritaire, ont scandé des slogans contre les dispositions exceptionnelles du 25 juillet, le décret n’117 et l’accaparement des pouvoirs, appelant le chef de l’Etat à rétablir la légalité constitutionnelle.
Le chef de l’Etat avait dévoilé au soir du 64ème anniversaire de la République, des dispositions exceptionnelles où il a notamment suspendu les travaux de l’Assemblée, levé l’immunité parlementaire sur l’ensemble des députés, et destitué le chef du gouvernement. Un processus corroboré le 22 septembre dernier, par la parution du décret n’o 117, où il a concentré les pouvoirs exécutif et législatif, en décidant de légiférer par décret-loi, et en annonçant la formation d’un gouvernement, constitué d’un chef du gouvernement et de secrétaires d’Etat.
Ce faisant, les manifestants ont fustigé les attaques de Kaïs Saïed contre ses opposants en les qualifiant d’ »ivrognes », « insectes », « traitres », s’élevant, particulièrement, contre ses propos samedi dernier, lors de sa rencontre avec le chargé du ministère de l’Intérieur. Le chef de l’Etat avait alors déclaré, que « la manifestation du 03 octobre (celle de ses partisans et soutiens) avait « lapidé les diables », en allusion à ses détracteurs et adversaires.
Des acteurs civils et politiques ont ainsi harangué la foule, en prononçant des discours, à l’instar de l’universitaire, et figure de la société civile, Jaouher Ben Mbarek, l’avocat et dirigeant du parti Amal, Ridha Belhaj, l’ex-ministre et ancien dirigeant d’Ennahdha, Abdellatif Mekki, et le Secrétaire Général d’el-Joumhouri, Issam Chebbi.
L’équipe d’el-Wataniya prise à partie
Cette manifestation, deuxième du genre des anti-Kaïs Saïed, après celle du dimanche 27 septembre dernier, a été entachée par des actes de violence. L’équipe de tournage d’el-Wataniya a été prise à partie par les manifestants, dans un agissement regrettable et inadmissible.
La télévision nationale a condamné « l’agression flagrante contre son équipe par des manifestants, ce qui a provoqué des blessés parmi ses membres, ayant nécessité leur transfert à l’hôpital Charles Nicolle, pour recevoir les soins ».
La Télévision nationale a dénoncé « avec fermeté » cette agression, annonçant son intention « d’intenter des recours auprès du parquet, après que les victimes ont été auditionnées par les commissariats de police territorialement compétents ».
Le syndicat nationale des journalistes tunisiens a, par ailleurs, condamné l’agression extrêmement grave contre l’équipe de la télévision tunisienne, ainsi que les agressions contre les journalistes, les photographes.
Dans un communiqué rendu public hier soir, dimanche, le SNJT dénonce « l’obstination de certaines parties politiques à impliquer les journalistes dans le conflit politique ».
Le syndicat fait assumer aux parties organisatrices du rassemblement du dimanche 10 octobre, « la responsabilité juridique et politique, des agressions contre les journalistes à l’avenue Habib Bourguiba, et appelle le parquet à agir vite contre les agresseurs ».
Le syndicat dit mettre à la disposition des journalistes, photographes, victimes de violence, son équipe juridique pour le suivi de leurs dossiers.
Gnetnews