Tunisie : Youssef Chahed appelle à des législatives anticipées, et à un scrutin sur une seule liste nationale
Le président de Tahya Tounes, Youssef Chahed, a appelé à la tenue d’élections législatives anticipées, pour sortir le pays de la crise, face à l’état de paralysie du parlement.
Dans ses vÅ“ux du nouvel an, l’ex-chef du gouvernement, a appelé, dans une vidéo mise en ligne sur sa page officielle, à placer l’année 2021, « sous le signe de l’évaluation et du changement », présentant une feuille de route d’une solution politique consensuelle légale, portant sur « la révision du code électoral, la tenue d’élections anticipées et la mise en Å“uvre d’une nouvelle approche de développement à travers l’élection de conseils régionaux ».
Une Assemblée paralysée, théâtre de violence
« Une année après les élections de 2019, notre pays se heure à une crise, éminemment politique, ayant compliqué la situation socioéconomique, et mis à mal le développement », a-t-il fait constater, pointant la paralysie de l’Assemblée, incapable, qu’elle est, d’accomplir son rôle législatif et un gouvernement, au soutien faible, chose qui est source d’instabilité.
Il a considéré que les élections 2019 avaient donné lieu à « une assemblée effritée, et un gouvernement sans soutien fort, dont les ministres travaillent sous pressions permanentes ».
Face à cette situation, Chahed appelle « à retourner au peuple, détenteur de la souveraineté et à élire une nouvelle assemblée ; une solution qui requiert l’amendement du code électoral, étant donné que des élections avec le même mode de scrutin donnent lieu aux mêmes problèmes ».
Se limiter à 100 députés
« La priorité en 2021 est d’élaborer un nouveau code électoral, de manière à ce qu’il y ait une majorité qui gouverne et une minorité qui s’oppose » , a-t-il prôné, proposant deux principaux amendements du mode du scrutin :
*Le premier est de réduire le nombre de députés- à 100 élus, pour conférer plus d’efficience à l’action parlementaire,
*Le deuxième amendement est « d’instituer une liste électorale nationale, au niveau d’une seule circonscription électorale ». Les électeurs élisent la même liste de 100 candidats à travers tout le pays, et font leur choix sur la ligne politique et le programme, a-t-il dit. « Un deuxième tour sera organisé entre les listes gagnantes, avec la possibilité de fusionner les listes dans l’entre deux tours, chose qui permet une représentation des différentes familles politiques, met un terme à l’effritement parlementaire, avec un parlement clair, incarnant l’unité nationale, qui sera un bouclier contre les régionalismes et le populisme, et un gouvernement fort, gage de stabilité », a-t-il développé en substance.
Chahed considère ce régime, comme étant adapté à la société tunisienne et constitue un pas vers la modernisation de l’action politique. « Si l’on arrive à un consensus autour de ce régime électoral ou un autre en 2021, on n’est pas obligé d’attendre 2024 pour la tenue des législatives », a-t-il déclaré.
Election des conseils régionaux
Chahed plaide, par ailleurs, pour « une nouvelle approche de développement », à travers l’élection des conseils régionaux. « Il est temps que les régions aient leur mot dans le développement, et de rompre ainsi avec 60 ans de développement centralisé ».
« Les élections législatives anticipées et régionales peuvent être concomitantes », a-t-il suggéré, évoquant « une feuille de route réaliste ouverte sur tous les avis de manière à ce qu’elle soit améliorée et enrichie. »
Chahed a, au passage, souligné les divergences des uns et des autres, en vue d’une sortie de crise. Il a considéré « l’appel de certains à l’intervention de l’armée et la militarisation de la vie politique, l’appel au président à recourir à l’article 80 de la constitution, à la dissolution de l’Assemblée, ou à suspendre l’application de la constitution, comme étant des mesures illégales et inconstitutionnelles dignes des régimes despotiques, et qui mèneront la Tunisie vers l’inconnu ».
Gnetnews