Le Sud, nouveau cœur battant du tourisme tunisien

Après une saison estivale exceptionnelle, la Tunisie veut continuer sur la même lancée. Administration et professionnels se déploient pour maintenir l’affluence des touristes au beau fixe, après une bonne année 2023, où les indicateurs de l’année de référence 2019 ont été égalés, voire dépassées.
La nouvelle stratégie adoptée en la matière vise à substituer à l’image d’une destination, éminemment balnéaire, une palette diversifiée de produits comportant, pour ne citer que ceux-ci, le tourisme alternatif, saharien et oasien, de randonnée, de santé, de congrès et on en passe…Les chiffres de la saison écoulée, notamment à l’occasion des vacances de fin d’année sont encourageants et invitent à capitaliser dessus.
L’afflux de touristes étrangers et locaux, particulièrement dans le sud du pays à l’occasion des dernières vacances de fin d’année, était, on ne peut plus, satisfaisant.
La région de Tozeur en particulier, a été la grande gagnante de ces vacances d’hiver, attirant des milliers de touristes avides de découvrir les charmes du désert.
Cette région, longtemps en difficulté, semble connaître un nouvel essor, offrant un souffle revitalisant aux opérateurs touristiques de Tozeur et de ses environs.
Le Président de la Fédération régionale des agences de voyages du Sud Ouest, Abdelfattah Mlik, partage son enthousiasme et son analyse de cette tendance encourageante.
Tourisme local en pleine expansion
La région de Tozeur et ses alentours ont atteint un taux d’occupation à hauteur de 93% pour ces dernières vacances. Abdelfattah Mlik précise que cela est sans compter les maison d’hôtes et les locations de maisons meublées à travers les plateformes telles que Airbnb.
Ce dernier rapporte que près de 80% des touristes qui ont visité Tozeur pendant les fêtes de fin d’année étaient des Tunisiens. Il exprime sa gratitude envers ses compatriotes.
« Nous sommes très reconnaissants envers les Tunisiens pour leur venue malgré les difficultés financières qu’ils rencontrent dans leur quotidien », déclare Mlik.
Abdelfattah Mlik explique que la réussite de cette saison a été rendue possible grâce à une adaptation des tarifs des hôtels pour la clientèle tunisienne. Reconnaissant la demande croissante pour le tourisme saharien et oasien, il souligne la nécessité de développer des activités alternatives et durables, notamment des randonnées pédestres à travers les oasis de montagne de Tamerza, Midès et Chbika.
Améliorer les liaisons aériennes
Cependant, des défis subsistent. A cet égard, Abdelfattah Mlik souligne le manque d’accessibilité du sud tunisien, en particulier avec les liaisons aériennes de Tunisair Express pour la région de Tozeur. Le manques de vols entre Tunis et Tozeur et les annulations fréquentes de dernières minutes des vols sont un obstacle majeur, et Mlik appelle à des efforts accrus pour améliorer la situation.
« Il y a un effort qui est fait au niveau des liaisons aériennes avec les stations balnéaires plus qu’avec les destinations alternatives come Tozeur et c’est regrettable », déplore le voyagiste.
Mlik explique également que cette saison a été fortement marquée par la présence de nombreux touristes français mais aussi Italiens. « C’est la première fois que je vois autant de touristes Italiens à Tozeur. Il faudra donc que les autorités réfléchissent à une liaison aérienne entre Milan et Tozeur ».
Pour le moment les touristes Italiens sont obligés de passer par Tunis pour ensuite rejoindre Tozeur soit par avion, en voiture ou en bus… Un vol Milan/Tozeur pourrait donc faire gagner de l’énergie et du temps à ces touristes, mais aussi d’en attirer davantage.
Malgré ces obstacles, les perspectives d’avenir sont optimistes. Mlik annonce que la compagnie française Transavia envisage de prolonger son vol direct entre Paris et Tozeur jusqu’à la fin du mois de juin, offrant ainsi une opportunité précieuse pour les voyagistes.
Une demande forte, mais une offre limitée
Si cette situation semble encourageant, ces chiffres pourraient pourtant être plus importants. En effet, la ville de Tozeur ne fonctionne qu’avec 25% des hôtels, les 75% restants étant fermés au public.
A cet égard, Abdelfattah Mlik souligne la nécessité d’une intervention de l’État pour sauver une vingtaine d’hôtels fermés depuis plusieurs années en raison des diverses crises. Il rappelle que la région de Tozeur a été classée en zone rouge pendant près de huit ans, suivie d’événements tragiques tels que l’attentat du Bardo et la crise du COVID-19.
« Nous sommes nombreux à vouloir rouvrir ces hôtels, dont certains sont mythiques comme le Sahara palace de Nafta ou l’hôtel Oasis à Tozeur, mais nous avons besoin du soutien de l’État. Nous pourrions doubler, voire tripler les capacités d’accueil », conclut Mlik.
Wissal Ayadi