Tunisie/ Vêtements Aïd El Fitr 2024 : Des prix rédhibitoires, l’effervescence n’est pas au rendez-vous !
Dans cette galerie marchande de la banlieue de Tunis, l’effervescence habituelle qui accompagne les festivités de l’Aïd-el-Fitr semble avoir été tempérée cette année. Alors que le mois de Ramadan entame sa dernière semaine, les allées habituellement bondées ont cédé la place à une atmosphère moins animée. Pourtant, malgré la ferveur traditionnelle entourant les achats de vêtements pour la fête, une ambiance teintée d’incertitude économique règne.
Dans les magasins, les prix semblent avoir atteint des sommets, tant pour les marques locales que pour les enseignes étrangères. « Les prix ont grimpé en flèche cette année, c’est devenu presque décourageant », confie une cliente déambulant de boutique en boutique. « Il est de plus en plus difficile de trouver des vêtements abordables qui répondent à nos attentes pour la fête. »
Pour une tenue complète pour enfant d’une marque tunisienne, nous avons compté 150DT…
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Cette hausse des prix s’inscrit dans un contexte économique tendu, où le pouvoir d’achat est en déclin. Les familles tunisiennes ressentent les effets d’une inflation galopante et des fluctuations économiques. Pour beaucoup, l’Aïd-el-Fitr, traditionnellement une période de célébration et de partage, est devenue une source de stress financier.
Les commerçants ne cachent pas, quant à eux, leur inquiétude face au manque de clients. « Les gens viennent, regardent les prix, puis repartent sans rien acheter », déplore Mohamed, gérant d’une boutique de vêtements de marque locale. « Nous faisons de notre mieux pour proposer des offres attractives, mais la réalité économique est difficile à ignorer. »
En effet, ce dernier a décidé de réaliser des promotions allant jusqu’à -70% sur les anciennes collections… Mais rien y fait, les clients se font rares. « Certains ont cependant pris de l’avance en achetant les vêtements de l’Aïd durant les dernières soldes qui ont eu lieu en février », souligne-t-il.
En outre, les commerçants doivent également faire face à une concurrence grandissante, notamment de la part des boutiques de vêtements d’occasion. « Les boutiques de fripe attirent de plus en plus de clients, car ils proposent des prix bien plus abordables », explique Leila, une autre gérante d’une de ces boutiques. « Pour beaucoup de familles, c’est devenu la seule option viable. »
C’est le cas d’une mère de famille que nous rencontrons au niveau de la devanture d’une boutique accompagnée de sa fille. « J’ai fait le calcul. Si j’achète une tenue pour ma fille qui est âgée de 8 ans, je devrai débourser au minimum 200DT entre la tenue et les chaussures, or c’est impossible. Je vais donc aller dans les friperies car on peut en sortir pour maximum entre 60DT et 80DT, chaussures comprises. La fripe n’est plus un choix mais une obligation en ces temps de vache maigre », nous confie-t-elle.
Par ailleurs, une tendance émergente semble se dessiner : de plus en plus de familles se tournent vers les supermarchés pour acheter des vêtements à des prix plus abordables. Les rayons dédiés à l’Aïd-el-Fitr offrent une gamme variée de vêtements à des tarifs un peu plus compétitifs, ce qui attire de nombreux clients en quête de bonnes affaires. Cette alternative semble gagner en popularité, offrant aux Tunisiens une option supplémentaire pour préparer la fête sans se ruiner.
Pourtant, malgré ces défis, l’esprit de l’Aïd-el-Fitr demeure vivace. Les familles se réunissent, les enfants se préparent avec excitation, et chacun espère trouver le moyen de célébrer dignement, malgré les contraintes économiques. « C’est une période difficile, mais nous nous accrochons à nos traditions avec détermination », conclut un des clientes précédemment interrogées. « L’Aïd el Fitr est plus qu’une simple fête, c’est un symbole de résilience et de solidarité pour nous tous. »
Wissal Ayadi