« Les violences envers les personnes âgées en hausse » (Asma Shiri)

26-06-2020

Le 15 juin dernier a été célébrée la journée mondiale contre la maltraitance des personnes âgées. Les violences à l’égard des séniors est un phénomène de plus en plus courant en Tunisie. A l’intérieur des foyers, au sein des maisons de retraite ou dans leur quotidien, cette population vulnérable ne dispose toujours pas d’un cadre légal pour les protéger. A cet égard, une étude a été réalisée par le Fond des Nations Unies pour la Population en collaboration avec le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors.

Cette étude qualitative exploratoire a été réalisée sur une base de 30 affaires de violences sur personnes âgées. Cinq gouvernorats ont été couverts: Tunis, Ariana, Manouba, Ben Arous et Bizerte. Son objectif est de mettre l’accent sur les droits et la protection des séniors. Ainsi, plusieurs aspects ont été analysés: l’aspect économique, social, et sanitaire.

D’après le rapport, il existe plusieurs formes de violences. D’abord les violences physiques. Dans la majorité des cas en Tunisie, quand les parents deviennent plus âgés, ce sont les enfants qui s’en occupent. Apparait alors une violence physique émanant des enfants envers leur parents. Si cela peut paraître choquant, ce phénomène existe bel et bien, il est de plus en plus courant et ce dans n’importe quelle couche sociale.

S’ajoute à cela la violence psychologique. Etant responsables de leur parents, les enfants n’hésitent pas proférer des menaces à leur encontre. Des menaces de les mettre dehors s’ils ne font pas ce qu’ils exigent. A travers cet harcèlement psychologique émane une autre forme de violence, celle de l’atteinte aux biens.

En effet, l’étude a relevé que de nombreuses affaires de violences sur les séniors surviennent à cause d’histoires d’héritage. Les enfants feraient pression sur leur parents pour s’accaparer de l’héritage de leur vivant. Cela se traduit par une privation de leurs droits civiques par la confiscation de leur papiers d’identité ou des titres de propriété.

Ce phénomène est encore plus présent à l’égard de la femme âgée qui, dans les zones les plus reculées, se retrouvent sans héritage

La violence physique se retrouve également dans les maisons de retraite. Une violence qui vient de conflits entre les résidents eux-mêmes ou qui émane également parfois du personnel à travers des violences verbales plus que physiques.

D’autres formes de violences à l’égard des séniors ont été aussi relevées. Comme celles dans les institutions : difficultés d’accès aux services de santé, administratifs avec des temps d’attente très longs. Dans les transports également, le rapport fait état d’un manque de respect flagrant à l’encontre des personnes âgées.

De son côté le ministère de la femme, de la famille, de l’enfance et des séniors a décidé de prendre ce sujet au sérieux. « La proportion des personnes âgées en Tunisie est estimée à 12% de la population. D’ici à 2029, elle devrait atteindre les 17%. Il est temps d’instituer un cadre légal pour leur protection », a déclaré Asma Shiri lors de la présentation de l’étude dans les locaux du CREDIF.

Ainsi, elle a annoncé la mise en place d’un Code des personnes âgées, à l’image de celui de l’enfant ou de la femme. Celui-ci permettra une meilleure protection de cette frange vulnérable de la population. A cet égard, Asma Shiri  a affirmé que le projet de loi serait déposé et voté à l’Assemblée avant la fin de l’année 2020.

Par ailleurs, la ministre a souligné que le nombre de cas de violences envers les personnes âgées a augmenté pendant le confinement obligatoire. « Nous avons pu prendre en charge 87 personnes âgées  victimes de violences en tout genre, parmi lesquelles 12 ont concerné des violences physiques » a-t-elle dit.

Wissal Ayadi