17 décembre : 9 ans après, le bilan est peu reluisant, et l’acquis démocratique est à relativiser

17-12-2019

La Tunisie célèbre ce mardi 17 décembre, le 9ème anniversaire du déclenchement de la révolution dite de la « dignité », et de la « liberté ». Des festivités sont prévues tout au long de cette journée à Sidi Bouzid, berceau de ce soulèvement populaire fulgurant. Des officiels, des syndicalistes, et des personnalités de la société civile y sont attendus pour faire le bilan de neuf ans de révolution, qui hélas, est loin d’être reluisant.

La révolution s’est arrêtée à la liberté de parole, et un bouillonnement démocratique, qui n’a encore atteint ni clarté, ni stabilité. Les droits socio-économiques, principale revendication de la révolte populaire, sont encore bafoués.

La flamme du changement qui s’est allumée dans la jeunesse tunisienne, dans la foulée de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, s’est éteinte.

Les pauvres sont restés pauvres, et les moins pauvres se sont appauvris. Les disparités régionales et sociales et se sont approfondies, à l’image d’une déception refoulée dans les tréfonds des âmes ayant vraiment cru il y a neuf ans, que la chute du despotisme allait les acheminer vers des lendemains meilleurs.

Autant d’espérances qui se sont heurtées à des résistances farouches à la réforme, au développement et au progrès, du fait de la montée des égoïsmes et des opportunismes ; de l’incompétence et de de l’irresponsabilité de la classe politique ; de la superficialité de l’élite et d’un déficit patriotique à tous les étages…

Ces facteurs réunis et bien d’autres ont contribué à ce travail de sape contre les fondements même de l’Etat de l’indépendance, les acquis ont été dilapidés, et le pays a sombré dans une anarchie organisée…un seul bémol, la révolution tunisienne reste pacifique, et les tentatives des forces du mal et des groupuscules terroristes de la déstabiliser, ont été tous voués à l’échec, grâce à la bravoure et au don du soi de nos forces sécuritaires et militaires, celles qui y ont payé le plus lourd tribut.

Plus le temps passe, plus on a tendance à relativiser les acquis de la révolution, d’autant que leur pérennité reste en danger tant que les Tunisiens vivent mal, privés qu’ils sont des moyens de subsistance les plus élémentaires.

Celui qui croit que la démocratie s’accommode de la pauvreté, de la précarité et de la marginalisation se fait des illusions, et dur sera le réveil. A fortiori que l’actuelle classe politique ne semble guère prendre la mesure de la gravité de l’étape, et se débat encore dans ses limites : incompétence, manque de vision et tergiversations…des tares qui nous rendent sceptiques quant à sa capacité à enfanter des décideurs, des dirigeants, voire de vrais hommes d’Etat. Et pourtant, l’intelligence, ce n’est pas ce qui manque au pays, même si elle est en train de le déserter.

Gnetnews