Hausse des violences faites aux femmes pendant le confinement, une campagne pour leur porter secours

06-04-2020

Les violences conjugales sont en hausse dans ce contexte de confinement sanitaire général, appliqué par 46% de la population mondiale. Confinement rime souvent avec enfermement pour les victimes. En une semaine, ce type de violence a augmenté de 30% en France, où un système d’alerte a été installé pour que les victimes puissent alerter les autorités par l’intermédiaire des pharmaciens. L’officine sert de relais auprès de la police. La victime utilise un code en guise de signe d’alerte :  » je voudrais des masques 19″.

En ce qui concerne la Tunisie, Dejla El Gtari, chef de service de la lutte contre les violences faites aux femmes, au sein du Ministère de la femme, de la famille et de l’enfance, a déclaré tout récemment, dans une déclaration médiatique qu’entre le 23 et le 27 mars 2020, les appels d’alerte des femmes en détresse s’est multiplié par 5, par rapport à la même période de l’année dernière.

 «  Un total de 133 appels ont été reçus sur le numéro vert (1899) dédié aux femmes ayant subi des violences conjugales. Parmi elles, 35 ont révélé avoir vécu des agressions par leurs conjoints ».

La responsable a fait savoir aussi que « le fait que ce numéro soit devenu fonctionnel 24h/24, tous les jours, et  même les weekends explique la multiplication des plaintes… »

« Discours extrêmement violent, agressif, dominateur, refus de la séparation ou encore du divorce, les femmes victimes de ces agressions préfèrent se résoudre au silence, supporter ce calvaire, et ne pas dénoncer leurs bourreaux aux autorités…Par peur de se mettre soi-même ou encore de mettre les enfants dans des situations plus dangereuses, ou à cause d’une dépendance financière, la majorité des victimes n’alertent pas la police pour mettre fin à ces agissements ».

Une psychologue travaillant dans le service d’écoute et d’orientation du numéro vert (1899), qui a requis l’anonymat, nous a confié qu’il leur arrive même de « recevoir les appels des voisins de ces victimes, qui les contactent pour dénoncer les horreurs qu’ils entendent à chaque fois qu’une scène de ménage se déclenche. Le bruit des coups, des cris, et des injures. D’autres personnes appellent pour alerter sur des parents qui agressent leurs enfants, des femmes souffrantes d’un handicap ou des personnes âgées dont la sécurité est mise en péril …Il est vrai d’ailleurs que la hausse du nombre de ces plaintes a coïncidé avec le démarrage du confinement. », nous-a-t-elle confirmé.

La campagne #Makch_Wahdek  en solidarité avec les femmes en confinement sanitaire total

Afin d’aider les femmes victimes des violences conjugales, l’association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD), a lancé en collaboration avec le ministère de la Femme, la campagne #Makch_Wahdek au profit des femmes pendant le confinement total.

Il s’agit d’une action  de sensibilisation et de solidarité avec les femmes qui sont exposées au double risque, celui de l’épidémie et celui de la violence accrue et de la marginalisation. Elle vise à leur apporter de l’aide à travers les services d’écoute à distance, et en leur assurant un abri dans des centres d’accueil spécialisés.

 Pour lutter contre cette hausse des violences, l’AFTURD a fait savoir que parmi ces actions, elle compte accueillir les victimes, provisoirement, dans un premier centre d’hébergement, afin d’appliquer les mesures de prévention pour éviter la contamination par le virus. Et cela, avant qu’elles ne soient hébergées dans un centre spécial.

Sont concernées par cette campagne, toutes les catégories de femmes et d’enfants vivant dans des conditions précaires, ainsi que les catégories qui n’ont pas bénéficié de mesures spécifiques et adéquates à leurs besoins dans cette situation critique, ce qui les expose au double risque et met leurs vies et leur sécurité en péril.

Emna Bhira