Tunisie : Les docteurs au chômage encore en sit-in, la visite de Kaïs Saïed n’a pas fait avancer leur cause

19-01-2021

 Après un sit-in de 7 mois, entamé depuis juin 2020, les docteurs au chômage continuent à revendiquer leur droit au travail,  au sein du hall du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Stigmatisation, chômage, conditions financières déplorables, après tant d’années d’effort intellectuel, ces docteurs sans emploi espèrent obtenir de réelles réponses à leurs revendications.

Rouvrir le concours national pour le recrutement des enseignants universitaires au sein du ministère, suppression des contrats à durée déterminée et des heures de vacation  pour les remplacer par des contrats dignes de ce prestigieux diplôme,  l’activation des conventions postdoctorales en partenariat avec les labos, et la mise en place un calendrier de recrutement dans la fonction publique, pour garantir un minimum de dignité à ces « bac+12 », telles sont les revendications des docteurs au chômage pour suspendre le sit-in.

Mais, face au silence assourdissant de l’Etat, ces derniers ont opté pour l’escalade.

En colère, les docteurs chômeurs ont le dos au mur. La situation des comptes publics ne permet pas de les absorber. Ils ont donc entamé une grève de la faim lancée le 11 janvier dernier, exprimant ainsi regret et désarroi face à un tel blocage de la situation. D’ailleurs, l’état de santé de certains d’eux s’est détérioré, à cause des conditions dans lesquelles ils protestent.

Ils dorment à ciel ouvert depuis 7 mois dans le parking du ministère. Ils comptent sur la générosité des commerces, se contentent du minimum pour manger, et partagent tous une seule salle d’eau, implantée, à l’extérieur du département. Le ministre de l’enseignement supérieure reste, pourtant, insensible à leurs revendications. Aucun parti, député ou militant n’a cherché à les soutenir ou à proposer des solutions. C’est ce que nous a confirmé un sitineur.

La grève de la faim continue malgré la visite du président de la République

 Même la visite du président de la République sur les lieux de la protestation, intervenue le  samedi 16 janvier, a été jugée « tardive, et accompagnée d’un discours creux ».

 « Tous nos remerciements vont aux chef de l’Etat, la députée Samia Abbou chargée des relations entre le bureau de l’ARP et la présidence de la République, et Leila Haddad, députée Echâab, qui ont enfin accordé  de l’intérêt à notre cause, pourtant cela vient juste après notre grève de la faim », a souligné un protestataire, docteur en langue arabe.

En évoquant les promesses de Kaïs Saied, un jeune docteur au chômage nous a indiqué que le chef de l’Etat leur a promis une séance de travail pour étudier leurs revendications.

« Mais deux jours après, la présidence de la république nous a tourné le dos, et a reçu le docteur Rahma Saied, pourtant elle n’est pas le porte-parole du mouvement. Est-ce une erreur de communication ou une nouvelle forme de stigmatisation ayant pour but de nous inciter à suspendre la grève de la faim ? Nous voudrions avoir des précisions sur les dessous de cette rencontre », s’est demandé un autre sitineur.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi