1er jour du Ramadan : Bousculade au marché central, la flambée des prix ne passe pas inaperçue

13-04-2021

C’est l’effervescence au marché central de Tunis, en ce premier jour du ramadan. Les rayons étaient ce matin encombrés de clients, venus pour faire leurs dernières courses pour le repas de rupture du jeûne. Plusieurs se baladaient dans les rayons des légumes, fruits, viande et poisson, en repérant, minutieusement, les prix avant d’acheter au tarif le plus bas. D’autres étaient en train d’acheter à petites quantités, pour éviter les excès et ne pas dépasser leurs petites bourses consacrées au mois sacré. Sans parler de ceux qui partent les mains vides fuyant la flambée des prix, qui ne cesse de se confirmer. 

« C’est la  faute du marché du gros qui a fixé cette année des tarifs élevés, imposés aux primeurs malgré la conjoncture actuelle »,  nous précise un marchand de légumes. « Nous achetons la marchandise à des prix chers, s’y ajoute le coût de location des étals, ce qui ne nous laisse pas le choix, à part vendre avec des tarifs moins compétitifs que ceux affichés dans les grandes surfaces », explique-t-il.

En parlant des retombés de la flambée des prix sur le comportement des consommateurs, plusieurs vendeurs nous ont confirmé que la priorité cette année est attribuée aux produits basiques, et aux légumes de saison, étant les ingrédients essentiels aux plats de résistance. Mais même ces produits, ne sont pas accessibles à tous.

« Les tomates sont à 2 dinars le kilogramme, l’oignon blanc se vend à partir de 1dt500, quant à l’oignon rouge, son prix s’élève à 1.980 dt. Le piment doux est à 2.250 dt, et le piment fort demeure cher, pour les amateurs des saveurs piquantes. Le prix du kilo se situe entre 3 dinars et 3.600dt. Le kilo d’artichaut est à 1.500 dt, les petits pois à 3 dinars le kilo, et les fèves à 1.600 dt. Quant à l’ail, son prix grimpe, il est  à 8 dinars le kilogramme ».

Au marché central, les étals de fruits sont désertés. Il y a certainement une bonne raison derrière ce boycott malgré l’abondance des fraises, bananes, pommes, et oranges…Mise à part le fait que les Tunisiens ne considèrent pas de première nécessité, leurs prix n’encouragent pas à les consommer, sachant le kilogramme de pomme a atteint les 8 dinars environs…

Même constat, pour la  viande qui est devenue un luxe pour la plupart des clients. C’est ce que nous a confirmé un boucher qui n’a rien vendu ce matin.

« Le kilo de viande est à 29 dinars, c’est le budget consacré aux légumes pour une famille entière », commente-t-il, en soulignant que cette année, plusieurs se sont privés de ce produit, autrefois incontournables pour les recettes ramadanesques.

Un autre vendeur de dattes, nous a confié que le pouvoir d’achat des Tunisiens s’est dégradé de 60% au minimum, cette année

 En parlant des dattes, ce fruit qui occupe une place particulière pour les musulmans durant le mois sacré, il a précisé que « le kilo des dattes de qualité supérieure se vend en moyenne à 13 dinars, ce qui revient à une seule grappe, ne couvrant pas les besoins d’une famille de cinq personnes. Quant aux celles en vrac,  de qualité moins bonne, leur prix se situe à 6  dinars le kilo  », a-t-il ajouté.

Cette année, les Tunisiens n’éprouvent pas le même plaisir en faisant leurs courses. Ceux qui font du lèche-vitrine sont plus nombreux que les acheteurs, au marché central. En ce premier jour du mois de la frénésie,  les Tunisiens semblent frappés par une ambiance morose,  dû au manque de visibilité pour l’avenir, et la crise économique qui ne cesse de s’approfondir…

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi