Tunisie : Scepticisme, lassitude et espoir…Les Tunisiens mitigés envers les promesses de Kaïs Saïed

23-11-2021

Après deux mois de la parution du décret-loi 117, régissant les mesures exceptionnelles  et l’organisation provisoire des pouvoirs, les Tunisiens semblent avoir perdu patience quant à la réalisation des promesses du chef de l’Etat.

Baisse des prix, dialogue national, amendement de la loi électorale, référendum, ou encore élections législatives anticipées, tant de projets évoqués par le président de la république, qui n’ont pas, encore, vu le jour.

L’éventualité de la non-application de la loi n’° 38 pour le recrutement des diplômés et chômeurs de longue durée, dans le secteur public, vient également d’envenimer la situation. Considéré comme étant instrumentalisée pour des fins politiques, Saied a l’intention de ne pas mettre en œuvre cette loi…Une décision qui a suscité la protestation des chômeurs, à travers le pays.

Qu’en pensent les Tunisiens de la situation actuelle du pays, sur les plans politique et économique, face aux dernières évolutions ? Pour le savoir, Gnetnews s’est rendu au centre-ville de Tunis.

Sur l’avenue Habib Bourguiba, nous avons rencontré cet entrepreneur d’une cinquantaine d’années, qui a appelé le président de la République, à effectuer un amendement de la loi électorale, afin de réaliser des élections législatives anticipées.

« Les citoyens sont lassés de cette attente du pas suivant du président. Entre-temps, sa base électorale est en train de se rétrécir, et les lobbyistes mènent contre lui une guerre médiatique. Ils ont utilisé l’affaire des déchets de Aguereb, et de Borj Chakir, afin de susciter la colère de la population. Ses opposants l’ont même dénoncé au parlement européen, et s’activent pour l’empêcher de dissoudre l’ARP. Le président la République est appelé à agir au plus vite », a recommandé ce passant.

Pour d’autres, malgré la lenteur des décisions de Saied, la situation est beaucoup mieux qu’avant le 25 juillet. « Nous nous sommes débarrassé au moins de l’ARP, et de la présence prépondérante des partis et députés accusés de corruption et de malversation », nous a indiqué ce citoyen, en appelant les Tunisiens à donner plus de temps au gouvernement Bouden, pour qu’il puisse travailler.

D’autres plus sceptiques, pensent que le chemin qu’a adopté le chef de l’Etat par ses mesures exceptionnelles, est parsemé d’embuches. « Depuis cette date, le FMI a tourné le dos à la Tunisie, ainsi que la diplomatie parlementaire a été mise à l’écart, car considérée anticonstitutionnelle », a analysé un retraité rencontré sur l’avenue Habib Bourguiba.

Concernant la possibilité de la non-application de la loi 38, ce dernier a rappelé que c’est Saied qui a encouragé auparavant les coordinations des chômeurs à protester devant le parlement pour revendiquer leur droit à l’emploi par une loi en leur faveur. « Le chef de l’Etat doit penser deux fois avant de changer son avis concernant la loi n’° 38, suscitant ainsi l’indignation des chômeurs qui pourront se retourner contre lui massivement, à n’importe quel moment… ».

D’autres citoyens sont déçus des promesses non tenues de Saïed, concernant la baisse des prix et le contrôle de l’inflation. « Rien n’a changé depuis le 25 juillet, régression du pouvoir d’achat, conséquences de la crise sanitaire, chômage, baisse des salaires…et la liste est encore longue », nous a affirmé un père de famille d’une quarantaine d’années…

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi