Coronavirus : Trois niveaux de réactions psychologiques chez les enfants (pédopsychiatre)

30-03-2020

« Les enfants sont moins gravement touchés par le coronavirus. Ils représentent plutôt des vecteurs de maladie. En revanche, ils sont plutôt impactés psychologiquement par les informations véhiculées dans leur entourage, concernant la prévention et la contagion ».

C’est ce que nous a fait savoir Docteur Lamia Mezghani, pédopsychiatre, en soulignant que « l’anxiété parentale leur est transmise, à cause de ces restrictions allant crescendo, et au flux d’information reçues, qui explose sur les réseaux sociaux. Les messages reçus par l’enfant peuvent lui paraitre incompréhensibles, voire insaisissables, ce qui peut lui générer une anxiété et de l’inquiétude », a-t-elle ajouté.

Afin de savoir comment gérer la psychologie de l’enfant, qui devient perplexe devant les nouvelles habitudes imposées par ce contexte, Dr. Mezghani nous a annoncé «  qu’il existe trois niveaux de réactions psychologiques chez l’enfant (âgé entre 3 et 10 ans) générées par l’incompréhension et la perplexité face aux nouvelles dispositions de prévention contre le Covid-19 ».

« Le premier type compte les enfants qui n’arrivent pas à assimiler le danger de garder le  contact quotidien avec les autres ou encore les conséquences d’une simple défaillance hygiénique. Afin de les mettre en garde, il ne faut surtout pas les secouer en leur montrant à quel point c’est vital de se laver les mains ou de garder une distance de sécurité…. », a précisé le pédopsychiatre.

« En revanche, il faut simplifier la chose, et leur expliquer que de nouvelles mesures drastiques de propreté sont à appliquer dorénavant pour se protéger. La meilleure façon pour leur justifier cela, est d’opter pour une approche comparative avec d’autres maladies transmissibles comme la rougeole, la varicelle, la transmission des poux…qu’ils connaissent déjà. »

D’autres part, « il existe des enfants plus curieux, qui vont interroger leurs parents et vont se poser de milliers de questions sur le Coronavirus. Il serait donc préférable de s’informer le plus possible de sites crédibles médicaux et scientifiques, et se baser surtout sur les communiqués de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le but d’apaiser l’inquiétude ».

C’est ce qu’a recommandé Dr. Mezghani en appelant  les parents à « se méfier essentiellement des articles fallacieux, et de l’intox qui circule sur les réseaux sociaux, pour ne pas véhiculer de fausses informations à l’enfant, et le perturber ».

« Plus le parent répond aux questions de l’enfant par des réponses claires et instructives, plus sa peur serait atténuée. », ajoute-t-elle.

 « Les réponses ne doivent pas être sous la forme d’ordre non plus. Le plus important c’est d’éviter d’agir par excès. Il n’est pas conseillé  de préparer « une leçon » sur le coronavirus, ou bien sur la nécessité du confinement et de l’isolement, et se pencher sur des concepts compliqués pour l’enfant. Il faut juste insister sur l’hygiène, car lui réciter les dangers de l’épidémie à l’enfant sera difficile à saisir  et la compréhension de ces actes dépasse ses capacités. »

D’autre part, le pédopsychiatre a insisté sur le fait d’expliquer « les fausses informations sur le port du masque, qui n’est obligatoire que pour les malades. Car l’enfant, en voyant des personnes qui portent la bavette, il voudrait faire de même par mimétisme… ».

« Le troisième type de réactions, regroupe les enfants qui vivent une anxiété paralysante à cause de ce contexte épidémiologique, qui a frappé le monde entier. Ce troisième niveau de peur, concerne surtout les enfants qui sombrent dans des idées noires, qui éprouvent la peur de l’abandon et de la séparation ».

« Ces émotions apparaissent généralement  chez les enfants qui vivent dans un climat anxiogène, et dont les parents agissent par excès et deviennent émotifs dans les situations de crise. Dans ce cas, l’enfant va absorber l’inquiétude  de sa famille, et tomber dans les réactions obsessionnelles…. »

« Pour ce troisième niveau d’anxiété, il faut opter pour des méthodes médicales adoptées dans la médecine psychiatrique, comme écrire ses peurs ou dessiner la source de la panique, qui est dans ce cas le Coronavirus », a recommandé le pédopsychiatre.

 « Le fait d’évacuer sa peur en la décrivant par les mots, ou même en la dessinant sur un papier, atténue les sensations négatives et minimise la peur », nous-a-t-elle expliqué. 

« Pour démystifier l’épidémie, demandez à l’enfant de dessiner le coronavirus, avec une couronne par exemple et des couleurs de son choix. Ensuite, demandez-lui  de dessiner  comment se protéger de cette maladie (laver les mains régulièrement, se frotter les doigts avec du gel désinfectant…). C’est un exercice pédagogique et amusant à la fois, qui sert à évacuer l’anxiété, et à l’apprentissage des nouvelles mesures d’hygiène également ».

Par ailleurs, Dr. Mezghani a recommandé d’accompagner ceux qui ont accès à l’outil informatique notamment les adolescents, en appelant les parents à plus de vigilance pour épargner les enfants les idées « apocalyptiques » et les Fakenews.

« Les parents doivent aussi se maitriser, pour ne pas tomber dans la psychose. Ils sont appelés à être plus créatifs pour occuper les enfants durant les vacances, surtout qu’ils seront obligés de rester chez eux. », a conclu le pédopsychiatre.

Emna Bhira