Des Tunisiens s’expriment sur une éventuelle baisse des salaires évoquée par Fakhfakh

17-06-2020

Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a créé une onde d’inquiétude parmi la population, lorsqu’il a évoqué, dimanche dernier dans une interview télévisée, « l’éventualité d’une baisse des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite pour sauver l’économie agonisante du pays ».

En tâtant le pouls de la rue, cette hypothèse semble ne pas assez convaincre ni les employés de la fonction publique, ni les retraités et encore moins les jeunes…

Accosté par Gnetnews, un jeune homme a recommandé d’éclairer les citoyens autour d’une telle décision, qui induit  une politique d’austérité drastique touchant les 800 000 fonctionnaires de la fonction publique.

 « Cette contribution des employés pourrait être sous forme d’un emprunt obligataire , qui sera remboursé dans une période bien déterminée », propose-t-il.

Tout compte fait, il faut que le gouvernement explique la faisabilité de cette décision, pour pouvoir  convaincre, sinon, ce serait impossible d’appliquer une telle disposition.

Les autres citoyens interrogés, à ce sujet, n’étaient pas de l’avis du jeune homme.

Ce retraité d’une soixantaine d’année, croisé à l’avenue Habib Bourguiba, a appelé Fakhfakh à se diriger plutôt vers les corrompus,  pour leur demander une reddition des comptes, et reprendre l’argent volé notamment par la famille de l’ancien président Ben Ali, au lieu de rendre la vie plus difficile à des fonctionnaires qui peinent déjà financièrement avec leurs salaires …

Concernant, la baisse de la pension de retraite, il a souligné que les citoyens ont déposé leur argent dans la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), pour que l’Etat puisse le réinvestir dans des projets rentables contribuant ainsi à la croissance économique…

« Le fait de reprendre cet argent déposé à la CNSS pour sauver l’économie du pays, n’est pas vraiment un argument convaincant… ».

 Cet ancien employé, a d’autre part appelé le gouvernement à faire un audit sur la période de l’après révolution, pour enquêter sur les sommes empruntées par l’Etat durant 10 ans, les recettes de Tunisie Télécom et les revenus des autres entreprises publiques enregistrés à la banque centrale de Tunisie.

« Si Fakhfakh continue dans cette direction, sa mission sera vouée à l’échec, car personne ne sera d’accord pour l’application de cette politique… », conclut-il.

« Le corps militaire, la police et les retraités sont une ligne rouge. Le fait de toucher à leurs salaires contribuera à l’effondrement de l’Etat »,  a averti un militant politique, croisé au centre-ville de Tunis.

Selon lui, cette décision du chef du gouvernement pourra même mener à des soulèvements sociaux, surtout qu’elle intervient durant ces temps de crise.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi