Des menaces terrifiantes pèsent sur l’enfance tunisienne, plus de 17 mille signalements en 2019

18-06-2020

Les services de protection de l’enfance ont enregistré 17 506 signalements de cas maltraitance des mineurs  en 2019 dans les 24 gouvernorats de Tunisie. Ce chiffre a été multiplié par deux depuis l’année 2009, où le nombre des dénonciations était de 8272.

Cette évolution a été soulignée dans le rapport annuel sur l’activité des délégués de protection de l’enfance  (2019),  dont les résultats ont été dévoilés ce jeudi lors  d’une conférence de presse, au siège du ministère des affaires de la femme, la famille,  de l’enfance et des séniors.

Contrairement à ce qui est répété dans les médias, les abus sexuels ne représentent pas le type de violence le plus courant, a indiqué  le délégué général de l’enfance, Mehiar Hammadi.

« C’est la violence verbale et morale qui est la plus signalée. 2885 enfants ont dénoncé ce type de maltraitance en 2019, soit 43.53% du total des signalements.

La violence physique vient en deuxième place. 2594 enfants en sont victimes. Ils représentent 39.14% des cas dénoncés. Quant à la violence sexuelle, elle est troisième avec 1151 victimes, dont 70.76% sont des filles, et 29.24 % garçons.

« Ces victimes sont dans la majorité des cas scolarisés (61.1%) », a précisé Mehiar Hammadi.

Il a également révélé que les maltraitances sont exercées dans la plupart des cas par les membres de la famille, et dans l’espace familial. 53.88% des signalements confirment ce constat.

Quant à l’espace public, il représente la deuxième source de violence (21.38%). Il s’en suit les milieux scolaires avec 13.3% et les établissements d’éducation.

Il est à noter aussi, que le Grand-Tunis occupe la première place en matière de signalement (27.42%).

Le taux de tentative de suicide y est le plus élevé, avec 183 cas enregistrés ( 77.05% des filles et 22.95% des victimes sont des garçons).

Les naissances hors-mariage en hausse dans le Centre-Est de la Tunisie

Dans ce rapport qui réunit les statistiques élaborées par 79 délégués régionaux de l’enfance, répartis sur 24 gouvernorats, il a été souligné que les naissances hors-mariage sont en hausse (50.79%) dans les régions du Centre-Est tunisien (Monastir, Mahdia, Sousse).

Le taux le plus bas est enregistré dans les régions du Sud-Ouest avec 4.04%.

« Parmi les autres menaces auxquelles l’enfance est confrontée, il existe la traite des enfants, dont deux Ivoiriens à Gafsa et Médenine en étaient victimes en 2019 », a révélé la ministre de la Femme, Asma Shiri.

Le plus grand nombre d’enfants concernés par ce type de menaces est enregistré à Sidi Bouzid (47 cas).

Ce taux élevé revient à l’affaire de l’école coranique de Regueb, où 42 mineurs ont subi une mobilisation idéologique par des groupes extrémistes.

 Kairouan est le deuxième gouvernorat enregistrant le plus de victimes de traite. Ils sont 36 enfants à être signalés.

Selon le rapport, il existe aussi d’autres formes de maltraitance sur mineur qui sont également fréquents, comme la négligence parentale, l’exploitation économique, mendicité, l’exploitation sexuelle, l’abandon, et l’exploitation de l’enfant dans le crime organisé (vol, atteinte aux biens d’autrui…).

Emna Bhira