« Les libertés individuelles, garantie de la non-répétition », une étude élaborée par ADLI

17-12-2020

L’association de la défense des libertés individuelles (ADLI) a présenté son étude sur le rapport final de l’instance vérité et dignité (IVD) , intitulée « les libertés individuelles, garantie de la non-répétition », et cela lors d’un atelier de travail tenue ce jeudi 17 décembre. Une date qui coïncide avec la célébration de la fête nationale de la révolution.

A cet effet, Wahid Ferchichi chargé des recherches à ADLI s’est penché sur le rapport de l’IVD qui compte 2800 pages, dont quasiment 200 pages ont été consacrées aux victimes de la torture sous l’ère de Ben Ali.

 Selon lui, pour garantir le non-retour de la dictature, il ne faut jamais  diviser les libertés individuelles entre légitimes et d’autres illégitimes, menaçantes de la sécurité nationale.

« Ben Ali a commencé par priver les citoyens de leurs vies sociales en limitant leurs déplacements. Il les a privés de leurs relations familiales et conjugales sous prétexte qu’ils menacent la sécurité nationale. Ces restrictions imposées auparavant, sont en train de refaire surface avec l’approbation du parlement. Certains députés populistes appellent à restreindre encore plus les droits de la femme. Pourtant, toucher aux libertés individuelles, n’est qu’un tremplin pour atteindre les libertés sociales, et reprendre les méthodes répressives», analyse-t-il.

D’autre part, l’ancienne présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine, a confirmé ses dires en disant qu’en plus du démantèlement des droits sociaux, les dictatures sèment la peur pour mieux imposer leurs lois. « En outre, elles visent la dignité et l’intégrité des citoyens pour donner l’exemple sur les conséquences de la non-obéissance», explique-t-elle.

Quant à l’heure actuelle, Sihem Ben Sedrime a mis en garde d’un éventuel retour vers l’autoritarisme à travers le contrôle illégitime des citoyens, exercé par les personnes au pouvoir. « L’interception des appels et la mise en écoute sont des méthodes encore appliquées en Tunisie », ajoute-t-elle. « L’implantation excessive des caméras  dans les rues, qui servent à stocker les informations personnelles sur les citoyens, présagent également un retour vers la dictature », déplore-t-elle.

A cet effet, Mounira Ayari députée du bloc démocratique, intervenue concernant les efforts du parlement en matière de droits, a affirmé qu’elle est déçue du mépris de certains partis politiques envers les valeurs que la commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE) essaient d’instaurer.

« Avec les dernières déclarations de Mohamed Affes, député de la coalition Al Karama, attaquant les mères célibataires et les acquis de la femme tunisienne, nous nous dirigeons vers la case du départ, celle du retour de la dictature et de la division des citoyens. Ces idées obscurantistes ont poussé le bloc démocrate à tirer la sonnette d’alarme sur les menaces qui guettent essentiellement les activités de la commission », déplore-t-elle.

Le membre de la COLIBE a recommandé de mettre en place un arsenal juridique qui protège les valeurs de la constitution au sein du parlement, et qui soutient les initiatives de la commission des libertés individuelles et de l’égalité. D’autre part, elle a ajouté que la justice doit se défaire du clientélisme et garder son impartialité afin de garantir également les droits des citoyens. 

Emna Bhira