« Préserver la démocratie serait le plus grand défi à relever, dix ans après la révolution » (Issam Chebbi)

18-12-2020

Quelles sont les leçons à tirer après une décennie de gouvernance depuis la révolution tunisienne (2011) ?

Telle est la problématique posée durant la conférence intitulée « Le succès de la démocratie et les défis à surmonter », organisée par le centre des études islamiques et démocratiques (CSID), tenue ce vendredi 18 décembre.

A cette question, le président du CSID, Radhouane Masmoudi a répondu que malgré le succès de la transition démocratique,  le retour à la dictature est toujours possible, car il est soutenu par les ennemis de la révolution.

 « Il s’agit non seulement des partis nostalgiques de l’ère de Ben Ali, mais aussi des médias, des hommes d’affaire, et des personnes issues de l’ancien régime qui souhaitent avorter les objectifs de la transition démocratique. C’est la vrai bataille à mener dans l’avenir », confirme-t-il.

En parlant des ennemis de la révolution, Masmoudi a indiqué que le fait d’autoriser Abir Moussi à créer le « Parti destourien libre » (PDL) était une faute grave. « Il s’est avéré que c’est un parti fasciste, dont la présidente perturbe continuellement les activités du parlement, et séduit les nostalgiques de l’autoritarisme. D’ailleurs, il faut qu’une police parlementaire intervienne pour mettre fin à ces comportements immondes, qui se contredisent avec le règlement intérieur de l’assemblée des représentants du peuple (ARP)  et les principes de la démocratie ».

Concernant les défis à surmonter, Masmoudi, a appelé à protéger les acquis de la révolution. « Ainsi que la classe politique et les personnes qui étaient au pouvoir ces dernières années, sont appelées à s’autoévaluer, et à réviser notamment les lois qui ont mené à la persistance de la crise parlementaire », a-t-il ajouté.

A cet effet, le président du CSID recommande de réviser la loi électorale, dont l’objectif selon lui, était d’encourager les citoyens à participer  dans la vie politique, en leur facilitant l’octroi des autorisations pour les partis.  » Cette vision n’est plus de l’ordre du jour vu la prolifération des partis politiques qui ont engendré l’effritement du parlement. Faudrait-il-peut-être imposer de nouveaux critères, et ne permettre ce privilège qu’aux candidats disposant d’une base populaire d’un minimum de 10 000 adhérents ».

Al Jomhouri appelle à faire prévaloir la voix de la sagesse

Dans son intervention, Issam Chebbi, secrétaire général du parti Al Jomhouri, a fait une mise au point sur les défaillances des politiques menées après la révolution. D’après lui, il manque une feuille de route à cette révolution populaire qui s’est déclenchée spontanément. « Les personnes qui étaient au pouvoir depuis 2011 fonctionnaient par le tâtonnement. Ils n’ont ni un programme ni une vision pour la Tunisie », relate-t-il. Chebbi a aussi déploré la faiblesse du gouvernement actuel, de Hichem Mechichi, selon lui il est temps de prendre du recul sur leurs décisions, pour mieux gouverner dans l’avenir.

Intervenu lors de cette conférence, l’ancien ministre de la santé Abdellatif Mekki, était du même avis. Il a appelé les la classe politique à s’autoévaluer, pour pouvoir récolter les fruits des années passées, durant la décennie prochaine. Concernant les querelles politiques qui ne cessent de se proliférer, Mekki a souligné que le pays serait incapable de confronter ses défis avec un paysage politique divisé. « Il faut instaurer un tronc national commun, qui vise essentiellement à améliorer la vie des Tunisiens en dépits de leurs différences, et à développer les secteurs et services les plus fragilisés après la révolution, comme la santé, l’enseignement, l’emploi et le transport », recommande-t-il.

Emna Bhira