Ahmed El Karm évoque les difficultés des banques et appelle la BCT à la rescousse

28-05-2020

Le président du Directoire d’Amen Bank, Ahmed El Karm, a appelé la Banque centrale de Tunisie (BCT) à soutenir les autres banques car elles sont en difficulté et ont du mal à soutenir les entreprises.

« La BCT est appelée à réviser les règles régissant le refinancement  des banques pour pouvoir leur allouer la dosée nécessaire en nature, leur permettant ainsi de jouer leur rôle de soutien du tissu économique dans ce contexte épidémiologique », a-t-il recommandé.

Lors d’un webinar organisé par l’institut des hautes études (IHE), Ahmed El Karm a expliqué que l’essentiel pour les établissements financiers, c’est d’obtenir des crédits de soutien.

Selon lui, les mécanismes mis en place par les pouvoirs publics ont été annoncés assez rapidement, du moins sur le plan de principe pour soutenir les entreprises dans cette situation difficile, en maintenant la force de travail, la main d’œuvre,  et le redémarrage des activités.

L’ancien président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) a ajouté que les établissements financiers ne peuvent plus s’adonner à leur mission de soutien dans des conditions normales, car ils sont eux aussi en difficulté. Cela revient à plusieurs causes d’après lui.

« Les crédits ne se remboursent pas car l’activité économique ne génère plus de ressources supplémentaires, donc les banques n’ont pas, forcément, de trésorerie pour pouvoir accompagner cette relance économique», a-t-il clarifié.

Par ailleurs, les banques risquent d’accuser une diminution du produit net bancaire provenant des commissions dont le profit relève de l’augmentation des activités.

Le commerce international aussi qui constitue une autre source de commissions est en baisse. Il  a subi une chute de plus de 25% avec la baisse des imports et exports.

«  Ça fait des marges et des revenus en moins. D’ailleurs, en fin de 2020, on risque d’enregistrer un flux d’échanges commerciaux largement inférieur à celui de 2019 ».

Selon ses dires, les établissements financiers ont été frappés en plein fouet en acceptant la gratuité du retrait d’argent des DAB pour encourager les mesures de distanciation sociale.

Il s’y ajoute le ralentissement des flux d’échange de la salle des marchés qui gère les transactions en devise. « Ces derniers ont subi une décongestion assez importante. Autrefois, cette source de revenu était dynamique, mais maintenant il n’y a plus de flux touristique et le transfert en devise des Tunisiens est relativement réduit. », explique-t-il.

A cet égard, Ahmed El Karm a indiqué que ce type de transaction est accaparé en ce moment par la BCT, par conséquent les banques n’ont plus de marge dans ce type d’opération.  

Le président d’Amen Bank  a rappelé également que la marge d’intérêt qui représente à peu près 45% des revenus est en baisse aussi suite à la décision de la banque centrale de ne pas rembourser les échéances principales et intérêt pour les crédits octroyés aux entreprises durant la période de mars jusqu’à septembre 2020, et pour les ménages entre avril et juin 2020.

Emna Bhira